Théâtre
Le titre est difficile : il n’est pas interrogatif. Yasmina Reza emprunte cette phrase à un grand reporter de guerre et écrivain américain, Michael Herr. « Ce n’est pas tant que vous ayez gagné ou perdu, mais comment vous racontez la partie. »
Pas de guerre violente, ici, mais l’affrontement d’un écrivain avec les principes de réalité.
Yasmina Reza invente une petite ville, qui se nommerait Vilan-en-Volène, une journaliste au nom lui aussi composé Rosanna Ertel-Keval, un auteur qui vient de recevoir un prix, Nathalie Oppenheim, le directeur de la bibliothèque locale qui organise des rencontres avec les écrivains, Roland Boulanger, le maire de la ville. Autre personnage important, le décor, la salle polyvalente surdimensionnée (décor de Jacques Gabel, lumières de Roberto Venturi). Attention, Yasmina Reza ne se moque pas des régions ! Elle sait parfaitement que les mêmes scènes, les mêmes personnages seraient vraisemblables jusqu’au cœur de la capitale.
L’écrivain a reçu le prix Germaine-Beaumont pour son livre « le Pays des lassitudes ». Elle va en lire quelques extraits. Notons au passage que le prix Femina 1930, traductrice de Virginia Woolf, amie de Colette, coproductrice des « Maîtres du mystère » sur France Inter, est assez oubliée aujourd’hui. C’est une espièglerie de Yasmina Reza.
Car si la comédie est féroce, elle n’est pas méchante. On a le sentiment d’une empathie profonde de l’écrivain pour ses personnages. L’auteur, Nathalie/Zabou Breitman, dans son manteau d’été et sa petite robe fleurie (costumes de Nathalie Lecoultre), modeste, timide, c’est sans doute un peu elle-même. Face à la journaliste perchée sur ses hauts talons, sanglée dans un tailleur-pantalon près du corps, blonde et volontiers agressive, elle est polie et l’on distingue un léger désarroi. Dominique Reymond est formidable. L’animateur à silhouette de vieil ado est très bien incarné par Romain Cottard. Roland écrit des poèmes et, évidemment, la première chose qu’il fait est de refiler son recueil à Nathalie. À la fin du cocktail qui suit ce genre de rencontre, on fait la connaissance du maire, joué par l’épatant André Marcon, un homme moelleux, prudent, content de lui.
Bref, la partie est assez simple ! Yasmina Reza dirige les interprètes excellents avec malice. Elle aime les silences. Elle dirige comme une musicienne. Les timbres des interprètes sont tous beaux, particuliers. L’auteur-metteur en scène a inventé un petit moment de délire à la fin, qui est très drôle et plein de charme. Mais la fête se termine sur les solitudes de chacun.
C’est drôle, magnifiquement joué, léger. Une comédie allègre mais en rien frivole.
Théâtre du Rond-Point, salle Renaud-Barrault, à 21 heures du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Matinée supplémentaire le 16 novembre à 18 h 30. Du 13 au 19 novembre, Michel Bompoil, excellent interprète, remplace André Marcon pris par un tournage. Jusqu’au 6 décembre. Une longue tournée suit, de décembre à mars en France et jusqu’en Suisse. Le texte est publié par Flammarion et la version scénique est en Folio. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr.
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