Théâtre
Nul n’a oublié la jeune Anne Frank qu’elle incarnait à Hébertot, il y a vingt ans, pour ses débuts au théâtre en France. Depuis, Marie Gillain a beaucoup tourné et n’est revenue au théâtre que pour une pièce montée par John Malkovitch, « Hysteria », qui mettait en scène Freud et Salvador Dali. On la retrouve aujourd’hui dans la pièce américaine récente qui a nourri le film de Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric.
Sur le plateau du théâtre Tristan-Bernard, le décor de Jacques Gabel dégage tout l’espace. Le mur de la cage de scène est très beau et, sous les lumières de Joël Hourbeigt, il prend des allures fantastiques, extrêmement bien accordées au caractère sombre du roman de Léopold Von Sacher-Masoch. Il y a quelques années, Christine Letailleur en avait signé une adaptation dans laquelle s’était illustrée la regrettée Valérie Lang. La théâtralité enclose dans le roman qui a « nommé » le masochisme y était intelligemment exploitée.
Avec la pièce de l’Américain David Ives, on est dans un autre registre. Plus léger, plus ironique, mais tout aussi théâtral et angoissant. Une jeune femme surgit dans un théâtre où ne demeure qu’un metteur en scène. Il a fait passer des auditions toute la journée, il est en quête d’une Wanda. Et voici que surgit, chargée de sacs, trempée par l’orage, énervée et parlant comme un charretier, une créature dont on ne tardera pas à comprendre que son charme étourdissant cache des trésors de calculs assez diaboliques. En tout cas on peut l’imaginer… Mais, c’est toute la force de la pièce et de la manière dont elle est ici montée et interprétée, tout se retourne sans cesse. Et aussi bien pourrait-on croire à une jeune femme sincère et sans autre projet que de décrocher le rôle !
Si vous n’avez pas vu le film de Polanski, vous prendrez beaucoup de plaisir à découvrir la progression dramatique et les retournements d’une situation de base assez simple : la jeune femme qui prétend se nommer Vanda Jordan a convaincu Thomas Novachek de répéter avec elle des scènes de l’adaptation de « la Vénus à la fourrure ». Le va-et-vient entre le pur présent et la fiction, cette mise en abyme et le jeu théâtral ainsi activé, est extrêmement bien réglé. Jérémie Lippmann a su occuper l’espace et les deux comédiens, dans les costumes de Colombe Lauriot-Prévost, sont excellents. Lui, avec une maturité certaine, incarne un homme dont les résistances vont craquer peu à peu. Elle, d’une beauté époustouflante et non sans quelque chose d’innocent, de frais, impose une Vanda et une Wanda irrésistibles.
C’est un spectacle très jubilatoire, très intelligent. Et qui a un contenu. On ne demeure pas à la surface. Mais cela, c’est à chaque spectateur de le retrouver.
Théâtre Tristan-Bernard, à 18, 19 ou 21 heures selon les jours (le spectacle est joué tous les jours, comme est joué tous les jours, dans un autre registre, « le Père Noël est une ordure »). Durée : 1 h 30. Tél. 01.45.22.08.40, www.theatretristanbernard.fr.
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