Les spectateurs des théâtres subventionnés parisiens vivent en ce début d'année une série de translocations. Le Théâtre de La Ville, fermé pour travaux, poursuit sa programmation dans divers lieux, l'Espace Cardin, le Montfort, le Théâtre de La Cité Internationale, la Cité de la Musique, etc. Avant de fermer aussi pour travaux, le Théâtre du Châtelet héberge quant à lui le premier spectacle de l'Opéra-Comique. La réouverture de ce dernier a dû être repoussée en raison de retard dans les travaux ; elle aura lieu le 26 avril avec « Alcione » de Marin Marais, dirigé par Jordi Savall, et la création mondiale de « la Princesse légère », de Violeta Cruz, est reportée d’un an.
En attendant, c’est à une résurrection que convie l’Opéra-Comique au Châtelet, celle de « Fantasio », opéra-comique de Jacques Offenbach, sur un livret de Paul de Musset. Créée en 1872 sans succès, ni à Paris, ni à Vienne, l'œuvre fut abandonnée, dispersée, recyclée en partie dans « les Contes d’Hoffmann », brûlée dans l’incendie de l’Opéra-Comique. Heureusement, la musicologie aujourd’hui fait des miracles et, grâce aux travaux du spécialiste d’Offenbach Jean-Christophe Keck, « Fantasio » a été reconstitué en 2013, représenté à Berlin, enregistré par le label Opera Rara et revit aujourd’hui sur scène.
Déception
La musicologie est une belle chose mais, au sortir d’une représentation de quasiment trois heures, entracte compris, on peut se demander si un metteur en scène désirant captiver son auditoire ne devrait pas passer outre et formater le spectacle à la mesure de son intérêt dramatique. Le rendre vivant en effaçant ses faiblesses et sans y injecter des textes supplémentaires. Car, quoique monté avec un soin extrême, « Fantasio » déçoit. L’intrigue romantique mais mince (un mariage arrangé entre une princesse et un prince de deux royaumes en guerre, contrarié par le coup de tête d’un soupirant déguisé en bouffon) s’éternise avec des dialogues jamais vraiment spirituels et une répartition bancale entre airs et ensembles interminables.
Thomas Jolly, dont on se souvient qu’il n’a pas fait l’unanimité au début de la saison avec un pourtant très ingénieux « Eliogabalo » de Cavalli à l’Opéra de Paris, a créé avec Thibaut Fack un système de praticables et de machines ingénieux qui permettent dans un décor unique des déplacements clairs et efficaces. Mais il plonge l’action dans des éclairages sombres qui ne facilitent pas la compréhension. Sa direction d’acteurs est simple, permettant aux chanteurs, tous excellents acteurs, de ne pas trop s’empêtrer dans la partie théâtrale. Sauf que, tout étant joué dans une obscurité peu favorable, jusqu’au final fluo, on passe souvent à côté des subtilités de leur jeu.
La distribution comporte des jeunes chanteurs, dont l’excellente mezzo-soprano Marianne Crebassa, qui vient de recevoir une Victoire de la Musique, dans le rôle-titre, chanté avec une voix magnifiquement timbrée et projetant bien mais pas toujours compréhensible. On distingue aussi le prince de Mantoue de Jean-Sébastien Bou à la diction parfaite et le Roi de Franck Leguérinel. La princesse Elsbeth de Marie-Ève Munger manque de volume vocal et de personnalité. Tous les petits rôles sont parfaitement tenus et l’ensemble est très cohérent.
Le meilleur de l’œuvre, qui ne s’élève jamais à la hauteur des opéras bouffes d’Offenbach, est sa partition orchestrale, à l’écriture subtile et raffinée, que la direction de Laurent Campellone à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France et du Chœur Aedes a magnifiée au long de cette longue soirée.
Jusqu'au 27 février. Tél. 0825.01.01.23, www.opera-comique.com
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