Un chien-assis au-devant de la scène. Dans cette lucarne de toit, Oreste Moulineaux (Jean-Claude Drouot), vieux Cassandre qui n’aime ni les oiseaux ni les hommes, contemple le monde d’en bas, à la dérive. Nous sommes rue Saint-Denis, dans le Paris des prostituées, maquereaux et sex-shops. Marylin (Viktor Lazlo), fille-mère bannie a échoué là. Sur les trottoirs de rue de la capitale, elle se noie dans la drogue, poursuivie par d’étranges souvenirs d’outre-mer. Oreste Moulineaux qui brûle d’un amour platonique pour cette prostituée créole décide un jour de sortir de son rôle d’observateur et de la sauver. Il la jette dans les bras de Joseph, jeune étudiant (Mike Fédée) lui aussi venu des îles, les précipitant tous deux au cœur du drame.
Marylin-Jocaste, Joseph-Œdipe, l’histoire est connue et mille fois racontée mais tout le talent de l’auteur et metteur en scène est de l’avoir transposé entre deux mondes, celui du Nord et celui du Sud, dans une bascule permanente mêlant humour et tragique. Une mise en abîme et en espace bien servie par tous les comédiens. On citera Cathy Bodet (Josette la prostituée), Modeste Nzapassara (Moto, le conteur musicien), sans oublier Joonatan Rautiola, le titi parisien saxophoniste (musique originale Patrick Marcland). Son duo avec la vieille dame de la rue (une marionnette conçue par Ombline de Benque) est touchant de poésie.
Théâtre de l’Épée de bois (tél. 01.48.08.39.74 ou www.epeedebois.com), du mardi au samedi à 21 heures (dimanche à 16 heures), jusqu’au 17 avril. Durée : 2 heures.
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