Le prix de la nouvelle du GEM

Un interne à l’honneur

Publié le 07/04/2014
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Écrivains-médecins

« Voici l’aurore, on le découvre/ Recroquevillé sur son drap blanc/ Comme un fœtus qui entrouvre/ L’abject mouroir de nos serments » Ces quelques vers composent la dernière strophe d’« Hippocrate et la mort », un poème écrit par Samuel Zittoun, 26 ans, interne en psychiatrie à l’hôpital Maison Blanche de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Voici quelques jours, il a reçu le Prix de la Nouvelle du GEM 2014. « Et le temps sera à toi », le texte primé, conte l’histoire d’un petit-fils confronté à la mort d’une aïeule. « Tout ce j’écris n’est pas forcément en rapport avec la médecine, mais il est vrai que l’hôpital nous donne une matière première humaine très riche », justifie Samuel Zittoun.

Pour cette nouvelle édition, dans la ville qui vît naître la première faculté de médecine d’Europe occidentale et diplômer Rabelais au XVIsiècle, le Prix de la Nouvelle du GEM est donc marqué du sceau de la jeunesse. Si Samuel Zittoun s’attelle à « écrire un peu tous les jours », force est de constater que les médecins retraités composent le plus clair des troupes de l’association. « Les médecins, en général, ont peu de temps », convient le Dr Marie-Josée Bot, ophtalmologiste, elle-même retraitée et responsable du GEM. « L’écriture demande de la rigueur, explique le Dr Arnault Pfersdorff, pédiatre et réanimateur en exercice à la clinique Sainte-Anne de Strasbourg. Je me donne au moins deux séances de trois heures d’écriture par semaine. Cela nécessite de se couper du reste et de déconnecter. » Un travail payant, puisque le Dr Pfersdorff, huit livres à son actif, est publié à compte d’éditeur. La médecine ? Il s’en nourrit pour son dernier ouvrage, « la Femme sans ombre »* (Le Verger éditeur), mais ne verse pas dans l’autobiographie.

Un choix qu’a fait en revanche le Dr Philippe le Douarec, ancien vice-président de l’Association française de chirurgie. Âgé de 76 ans, il livre au lecteur, et à la première personne, dans « Esprit de revanche » (éditions Glyphe), le point de vue d’un homme parfois désenchanté par son métier et marqué à jamais par la mort d’un frère des suites d’une leucémie aiguë à forme myéloblastique, détectée alors que Philippe était encore carabin.

À Montpellier, les moments de lecture ont succédé et précédé les échanges entre écrivains-médecins. En septembre, les médecins auteurs français retrouveront leurs confrères étrangers à Leipzig, en Allemagne, pour le 58e congrès de l’Union mondiale des écrivains médecins.

* www.ecrivains-medecins.com.

** « Le Quotidien » du 9 décembre 2013.

De notre correspondant Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du Médecin: 9316