Théâtre
Inutile d’y aller par quatre chemins : courez aux Gémeaux de Sceaux, où la première partie d’« Henry VI » se donne jusqu’à mercredi prochain. Que vous n’ayez pas le temps de voir les deux volets du spectacle importe peu ; que vous ne puissiez voir que le deuxième n’est pas grave, vous allez plonger dans un grand feuilleton, sombre, plein de bruit, de fureur, d’amitié, d’amour, de trahisons, de calculs politiques, enveloppé de lumières, de sons, de musiques. Un extraordinaire spectacle où la part comique, très importante chez Shakespeare, est parfaitement réglée.
Au commencement de ce miracle, il y a Thomas Jolly, formé à l’école de Rennes chez Stanislas Nordey et suivi par François Le Pillouer : on a vu ses premiers spectacles dans le cadre du festival Mettre en scène. À 31 ans, cet artiste très intelligent et sensible, très audacieux, entraîne une équipe artistique excellente : traduction de Line Cottegnies, scénographie belle, astucieuse et non somptuaire de Thomas Jolly lui-même, intermèdes malicieux de Manon Thorel, interprétation par une vingtaine d’acteurs remarquables et jeunes, à l’exception de Geoffrey Carey, Éric Challier, Jean-Marc Talbot, un peu plus âgés.
Il y a dans ce feuilleton dramatique haletant une personnalité forte, celle d’un artiste qui a grandi avec Lavaudant, Sivadier et qui communique son amour du théâtre, qui partage, qui éclaire les œuvres pour le public et transforme en fête enthousiasmante chacun des volets. Cela commence en novembre 1422 à la mort d’Henry V. La Guerre de Cent Ans bat son plein. Bientôt, Shakespeare fait surgir la Pucelle d’Orléans. De Londres à Bordeaux en passant par Tours et Paris, c’est une plongée profonde dans l’Histoire, qui passionne et tient en haleine. Les scènes se succèdent à toute allure, on ne voit pas le temps passer. On rit beaucoup, on est ému, les interprètes défendent de toutes leurs fibres les personnages. Tout est réglé comme une chorégraphie étourdissante. Et la langue de Shakespeare est là, belle poétique, triviale et puissante. Ne ratez pas un tel événement.
Les Gémeaux, à Sceaux (tél. 01.46.61.36.67, www.lesgemeaux.com), du mardi au samedi à 20 heures, épisode 1 (4 heures, entracte compris) et épisode 2 (3 h 30) en alternance, le dimanche en intégrale à partir de 15 heures (sortie vers 23 heures). Jusqu’au 22 janvier. Puis le 1er février au Théâtre de Cornouailles à Quimper, le 8 février au Nouveau Théâtre d’Angers. L’intégrale d’« Henry VI » (deux cycles de deux épisodes chacun, 16 heures de spectacle) est programmée au prochain festival d’Avignon.
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