« Un singe en hiver », d’après Antoine Blondin

Un défi relevé

Publié le 17/03/2014
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Crédit photo : AFP

Théâtre

Viennent-ils voir Schmoll ? Se penchent-ils sur leur jeunesse et celle des Chaussettes Noires ? Veulent-ils retrouver l’animateur de « la Dernière Séance » ? En tout cas, ils sont là pour lui et un frémissement saisit la salle lorsqu’elle comprend que le type en blouse blanche qui vient de se glisser sur le plateau est Eddy Mitchell. Les premiers applaudissements éclatent. Un crépitement qui précède celui du feu d’artifice final, traité avec beaucoup d’intelligence et qui illumine la scène comme la salle.

Au commencement il y avait un roman d’Antoine Blondin dont la lecture est toujours hautement recommandable (Table Ronde). Ensuite il y eut un film. Beaucoup de fées s’étaient posées sur la caméra : une adaptation de François Boyer, des dialogues de Michel Audiard, une réalisation d’Henri Verneuil et deux comédiens formidables, Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo.

Un défi que d’adapter ce chef-d’œuvre au théâtre. Stéphan Wojtowicz dit qu’il est allé du côté de Blondin et que le théâtre « permet plus de mots que le cinéma » (sic). Il joue le rôle d’Esnault, patron du Café Normand… À l’oreille, on a tout de même le sentiment d’Audiard n’est pas loin et c’est une très bonne chose puisque ses répliques sont irrésistibles.

La production est soignée, avec un beau décor qui permet de passer facilement d’un lieu à l’autre et une distribution de qualité. Mais c’est le duo qui intéresse. Aigu, moins athlétique que « Bébel », Fred Testot s’est laissé prendre au piège du mimétisme. Timbre de voix, débit, articulation, tout est du pur Bébel… Dommage car on aurait besoin de ne pas penser du tout au film. Eddy Mitchell ne cherche en rien à imiter Gabin. Il est encore un peu trop timide et trop préoccupé de son texte pour trouver la grande liberté qui lui apportera le plaisir du jeu, le naturel, l’aisance.

Théâtre de Paris (tél. 01.48.74.25.37, www.theatredeparis.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 heures. Durée : 1 h 35

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9310