« MENS SANA in corpore sano », ce proverbe du latin Juvénal est d’une étonnante modernité. Ce pourrait être la conclusion d’une étude suédoise sur les interactions de l’exercice physique sur les performances intellectuelles des jeunes adultes et leurs conséquences sur la vie future. Si les bénéfices du sport sur les aptitudes cognitives ont été bien décrits dans d’autres classes d’âge, l’effet de l’exercice sur la plasticité cérébrale chez les jeunes n’était pas clair jusqu’à présent. Au sein d’une vaste cohorte de conscrits, l’équipe dirigée par Georg Kuhn a montré que la santé cardio-vasculaire est associée à de meilleurs résultats scolaires et un meilleur statut social futur. Pas d’effet cognitif de la « gonflette » en revanche, la force musculaire ne semble pas rendre plus malin.
Pédaler sur une bicyclette.
Ce sont les données de tous les jeunes hommes suédois, nés entre 1950 et 1976, inscrits au service militaire à l’âge de 18 ans. Sur plus d’un million de jeunes, près de 270 000 étaient frères, 3 150 frères jumeaux dont 1 430 vrais jumeaux « monozygotes ». Des données sur l’éducation, la profession et les revenus une fois âgés de 28 et 56 ans ont été exploitées à partir de registres nationaux LISA de l’Assurance maladie suédoise. Lors du service militaire, la forme cardio-vasculaire était mesurée en demandant aux conscrits de pédaler sur une bicyclette ergométrique. La force musculaire était évaluée par l’extension du genou, la flexion du coude et la poignée de main. Quatre tests cognitifs ont été utilisés : un test de logique, un test verbal de synonyme et de contraires, un test de perception visuospatiale et des habiletés techniques et mécaniques, comprenant des problèmes mathématiques à résoudre. Les scores des 4 tests étaient combinés afin d’obtenir un score global « d’intelligence ».
Les épidémiologistes de Stockholm ont pu, de plus, étudier l’effet de l’environnement et de l’hérédité chez les frères et les jumeaux. Si la génétique a une forte influence sur l’intelligence et les performances physiques, l’environnement jouerait un rôle plus important. Ainsi les associations seraient expliquées dans au moins 80 % des cas par des facteurs environnementaux non partagés, alors que l’hérédité serait en cause dans moins de 15 % des variations.
Logique et expression.
C’est la première étude chez les adultes, qui met clairement en évidence les bénéfices de l’entraînement cardio-vasculaire sur les performances cognitives, et plus encore sur le niveau d’éducation et le statut socio-économique plus tard dans la vie. Jusqu’alors les données sur les bienfaits de l’activité physique étaient contradictoires chez les jeunes gens, contrairement à ce qui était bien démontré pour les âges « extrêmes » de la vie. Faire du sport protège de l’apparition de démence et diminue les pertes de mémoire liées à l’âge. Quant aux petits enfants, ils ont de meilleurs résultats scolaires s’ils pratiquent un sport régulièrement.
Si la force de cette analyse suédoise, c’est l’ampleur de la cohorte étudiée, c’est aussi une de ses limites. La puissance statistique était en effet si large que même de minimes associations auraient pu ressortir. De plus, seuls des hommes étaient inclus, ce qui fait que l’observation ne s’applique pas forcément aux femmes. Il n’est pas exclu non plus que le lien de causalité puisse s’établir en sens inverse : les sujets les plus intelligents feraient du sport. Néanmoins, plusieurs éléments plaident en faveur d’un effet cardio-vasculaire sur la fonction cérébrale : absence de lien avec la force musculaire, étude croisée dans la fratrie, association avec une meilleure réussite dans les études secondaires.
Si les tests cognitifs ont mesuré des capacités verbales, spatiales, techniques et de logique, il manque à l’étude une évaluation neuropsychologique, comme la capacité à prendre des décisions et à exécuter des tâches. Néanmoins, « avoir la forme » était très fortement corrélé à deux domaines en particulier : la logique et l’expression verbale.
Proc Natl Acad Sci USA, édition avancée en ligne du 8 décembre 2009.
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