SI L’ON VEUT faire le tour de l’art du Berlinois Hermann Prey (1929-1998) sans se donner trop de mal, le coffret de 10 CD de la collection « Icon »d’EMI (mono et stéréo) s’impose. Il contient ce qu’il a enregistré dans les années 1960 pour Electrola avant de rejoindre la plus prestigieuse Deutsche Grammophon. On y trouve, par ce grand Kavalierbariton à la voix saine, pleine, souriante et surtout naturelle, comme son exact reflet, les grands cycles de lieder romantiques, « Winterreise » de Schubert, « Kerner Lieder » et « Dichterliebe » de Schumann, « Volkslieder » de Brahms, dans leurs premières versions, de loin les meilleures par leur absolue probité, accompagnées par Gerald Moore et Karl Engel. Beaucoup de raretés aussi, dans ce domaine qu’il affectionnait, comme des lieder de Mendelssohn, de Loewe, de Liszt et von Weber. Le coffret aligne d’autres trésors, particulièrement des airs d’opéras romantiques germaniques et opérettes de Humperdinck, von Flotow, Korngold, von Suppé, Lortzing, Marchner, qui constituaient son fond de répertoire scénique avant qu’il n’aborde les grands rôles du répertoire italien (notamment les deux Figaros de Mozart et Rossini qui lui ont donné sa popularité mondiale). Une mine de découvertes.
En images.
Pour mieux cerner la complexe personnalité de celui qui fut un artiste complet mais parfois difficile pour son entourage, un DVD a été édité par son fils Florian, lequel se frotta aussi à l’art lyrique mais souffrit beaucoup de l’image tutélaire de ce père trop célèbre. « Stille meine Liebe », au livret formidablement illustré, est un document passionnant constitué d’archives familiales et inédites, de témoignages de collègues admiratifs (Kaufmann, Hampson) et de ses derniers jeunes pianistes accompagnateurs. Il comporte surtout des enregistrements des concerts que Prey donna en 1997 lors de l’année Schubert au Japon, son dernier grand projet, dans lequel il mit toute son énergie avant de mourir d’une crise cardiaque un an plus tard. Puissent ces concerts être un jour édités dans leur intégralité, Prey y est proprement déchirant ! (1 DVD Tryharder tunework inédit en France, www.stille-meine-liebe.de).
Parmi les rééditions récentes, signalons un « Winterreise » de Schubert, donné à Locarno en 1978, accompagné par Irwin Gage (1 CD Ermitage, distr. Intégrale), les rééditions de réalisations pour la firme est-allemande Berlin Classics, airs d’opéras principalement des années 1960, sous la direction d’Otmar Suitner, avec les orchestres de Dresde, Leipzig et Berlin-Est (2 CD séparés Berlin Classics, distr. Intégrale).
*Beaucoup plus passionnants sont le CD Preiser Records (mono, non distribué en France), avec des enregistrements très précoces dans sa carrière (années 1950, mais déjà avec un charme et une faconde étourdissants) du répertoire spécifiquement allemand, un trésor pour connaisseurs éclairés ; ainsi que, dans un coffret fourre-tout, un des CD consacré à un cycle rare et délicieux, « Der kleine Rosengarten », de Fritz Jöde (1979), accompagné par des musiciens munichois, et un autre consacré à l’opérette viennoise (Strauss, Hollander, Sieczybnski, Zeller), des airs totalement inédits sur CD (1 coffret cartonné de 4 CD FabFour, distr. Intégrale).
Raretés.
Les amateurs de lieder rares chercheront un programme fabuleux de chants d’inspiration religieuse de Cornelius, Pfitzner, Fortner, R. Strauss et Brahms, présentés en 1963 au festival de Schwetzingen, accompagnés par Günther Weissenborn (1 CD Hänssler Classics, distr. Intégrale) ainsi qu’un autre programme de Lieder de Noël de Cornelius et Wolf, avec Leonard Hokanson, paru en 1971 sous étiquette jaune et récemment réédité en Allemagne (1 CD Deutsche Grammophon, non importé en France).
Deux raretés tardives montrent un Prey, dont la voix un peu blessée par le temps n’en est pas moins au somment de l’émotion : un récital Schubert/Goethe en 1993 au festival de Munich, où il était adoré comme un dieu vivant, accompagné par Oleg Maisenberg, dont « An der Mond » donné en bis est à faire fondre les pierres (1 CD Orpild München, non importé en France) et le très singulier « Original und Fälschung » dans lequel il chante et fait comparer à son dernier accompagnateur, le jeune Florian Uhlig, les versions adaptées pour piano par Liszt et Godowsky de grands Lieder de Schubert, un récital unique enregistré en 1997 au Festival de Bad Urach (1 CD Musiktage Bad Urach, non importé en France).
Enfin signalons, bien qu’il n’ait pas été distribué en France par son second éditeur officiel, la Deutsche Grammophon, un coffret paru en 2008 pour marquer le dixième anniversaire de sa disparition, « Kein schöner Land », 8 CD reprenant les pochettes originales des microsillons des années 1970, quand sa carrière discographique comportait encore beaucoup d’enregistrements de mélodies populaires allemandes, chansons de chasse, de marche, à boire, d’étudiants, pour enfants, populaires en tous genres et de qualité, témoins de la vaste étendue de son talent de chanteur et du coefficient de sympathie que lui enviaient et lui envient toujours un grand nombre de ses collègues. Un autre trésor dont les inconditionnels de cet immense artiste ne sauraient se passer.
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