IL Y A DÉJÀ quarante ans que le Pilobolus Dance Theater nous enchante par son théâtre et par sa danse si inventifs, bien avant l’ère et la mode du théâtre-danse d’aujourd’hui, qui s’essouffle, s’époumone même. Le collectif, comédiens, acrobates, danseurs – 12 au total – fête son anniversaire avec le spectacle « Shadowland », en tournée mondiale, qui s’est posé à Paris au mythique Théâtre des Folies Bergère. Décapant !
Il semble qu’il ait fallu neuf mois de gestation pour que ce fascinant spectacle voie le jour. Son scénario, car il existe et n’était pas prémédité, s’est tissé au fil des répétitions : il évoque les aventures tragicomiques d’une jeune fille transformée en chien, ou plutôt en humain à tête de chien, qui rencontre dans son errance un autostoppeur californien, de méchants forains qui l’exploitent dans leur cirque (l’épisode le plus cruel), des personnages mythologiques, des Africains qui veulent la cuire dans une immense et abracadabrante marmite, bref un véritable road-movie. Cela exprimé au travers d’un fascinant, fantaisiste, onirique et virtuose jeu d’ombres chinoises. Les danseurs créent l’histoire au moyen des ombres derrière un écran mais apparaissent aussi devant l’écran, créant un continuel va-et-vient entre rêve et réalité.
La fluidité de la danse et des images, l’aisance des danseurs et la musique de David Poe (beaucoup de chansons très entraînantes) forcent l’admiration. Une heure quinze de bonheur et un final, comme un bis, qui évoque New York et Paris, mais tombe un peu à plat, malgré quelques images fortes, par son triomphalisme, tour de force, certes, mais un peu prosaïque après l’immense poésie et l’émotion intense qui se dégage de l’histoire racontée précédemment.
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