Le Quatuor Ébène joue Schubert

Surnaturel !

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Publié le 09/05/2016
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Classique-Quatuor Ébène

Classique-Quatuor Ébène

On a pu entendre le Quatuor Ébène, avec son nouvel altiste Adrien Boisseau, au Festival de Pâques de Deauville, dans le « Quintette pour violon, alto, et deux violoncelles » en ut majeur D.956, l'œuvre certainement la mieux construite, la plus riche en rebondissements et même en suspense de Franz Schubert. Ainsi que dans le « Quintette pour cordes et piano opus 44 » de Robert Schumann. Soit deux chefs-d'œuvre du répertoire chambriste, dont le Quatuor Ébène, avec deux partenaires superlatifs, Jérôme Pernoo et David Kadouch, a donné des interprétations inoubliables.

Le quintette de Schubert date de 1828, année de la mort du compositeur viennois. L'enregistrement avec le violoncelliste Gautier Capuçon frappe par l'interprétation déjà si mature de ces jeunes musiciens. L'équilibre des cinq interprètes est aussi parfait que le sont les complicités, l'unité dans la respiration, la captation de l'oreille du public pour les conduire de l'autre côté du miroir. Dans le très long Allegro, avec ses épisodes orageux, dans l'Adagio, le plus bouleversant de la production chambriste romantique et dans lequel le moindre épaississement d'un trait serait fatal à l'ensemble, dans le Scherzo au trio mélancolique et si viennois, et dans l'Allegretto final qui arrive comme une délivrance : les Ébène, secondés par le violoncelle profond et précis de Gautier Capuçon, restituent à ce chef-d'œuvre son caractère suprême et sacré.

Le CD est complété par une intéressante sélection de Lieder de Schubert, adaptés par le violoncelliste du quatuor, Raphaël Merlin, pour un ensemble constitué par les Ébène et la contrebassiste Laurène Durantel, et superbement chantés par le meilleur interprète de sa génération, le baryton allemand Mathias Goerne. Un enregistrement qui se hisse d'emblée au niveau de référence.

1 CD Erato/Warner

 

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9494