INCLASSABLE « Patience, ou la Fiancée de Bunthome », de Gilbert et Sullivan, créé en 1881 à l’Opéra comique de Londres ? Le programme édité par le musée d’Orsay, qui a invité le Royal College of Music de Londres à le jouer pour quatre représentations, le donne en page 1 pour une opérette, en page 2 pour un opéra et l’intitule deux pages plus loin opéra-comique ! De fait, cette sixième collaboration de William S. Gilbert et Arthur Sullivan était à la création un comic opera, ce qui correspond bien à la terminologie de l’époque, où l’œuvre, avec son alternance d’airs, ensembles et dialogues était, après « les Cloches de Corneville », de Planquette, la pièce légère la plus représentée à Londres.
La satire sociale y est férocement axée sur le préraphaélisme, mouvement esthétique anglais des années 1870. S’agissant de porter au pinacle les valeurs esthétiques, méprisant toute autre forme artistique, les poètes de l’époque offraient une cible idéale. Deux poètes se partagent la scène, le charnel et emphatique Reginald Bunthorne et le plus simple et pastoral Archibald Grosvenor, clés pour des écrivains alors en vogue. Face à eux une bande des groupies virginales et excitées, en mal d’amour charnel, quelques éléments d’un bataillon de Dragons représentant force, fortune et virilité, censés être indemnes de préoccupations esthétiques (encore que…), et Patience, une laitière un peu godiche, dont l’ingénuité renvoyait à l’époque au cliché de la jeune fille mariable dans cette société aux mœurs si codifiées.
Le livret de Gilbert s’empêtre parfois un peu dans des développements superflus, d’où quelques longueurs qui nuisent aux rebondissements. La musique de Sullivan, quant à elle, même si elle exploite les habituels gimmicks rythmiques qui font le succès de ses plus grandes opérettes, compte des pages d’une légèreté toute pastorale. La réalisation est parfaite, avec un petit ensemble orchestral de dix musiciens dirigé avec spiritualité par Michael Rosewell, et des chanteurs jeunes mais déjà aguerris au jeu théâtral. La mise en scène de Donald Maxwell (l’excellent Alfred Doolittle dans « My Fair Lady » au Châtelet, l’an dernier) est très lisible et idéale pour le public français.
Si l’on en juge par la réactivité du public de l’Auditorium d’Orsay, la salle était plutôt garnie d’un public britannique et d’anglophones avertis. Beaucoup reste donc à faire pour la popularité de ces maîtres en France.
Auditorium du Musée d’Orsay (tél. 01.40.49.47.50 et auditorium@musee-orsay.fr). Prochains concerts à 20 heures, cycle « les Salons musicaux » : le 19 mai, Jennifer Smith, Yann Beuron, Graham Johnson (Le salon de Marguerite de Saint-Marceaux) ; le 26 mai, Stéphanie d’Oustrac et Jean Paul Fouchécourt (Le salon de la princesse de Polignac).
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