Le Holland Festival, qui se tient chaque année en juin, mêle théâtre, musique, danse, opéra, cinéma et arts visuels. Étaient entre autres à l'affiche, pour cette édition anniversaire, Ivo von Hove, Robert Lepage, Alain Platel, Boris Charmatz, Peter Sellars, Alexei Ratmansky, Raphael Pichon, Romeo Castellucci et même Jonas Kaufmann pour un récital unique.
Événement très attendu, « Salomé », de Richard Strauss, mis en scène par l’enfant du pays et coqueluche du théâtre mondial Ivo van Hove, directeur du festival de 1998 à 2004, a un peu déçu. Non par la qualité musicale. Grâce au merveilleux Koninklijk Concertgebouworkest, qui, une fois par an, pour le festival, descend dans la fosse du Nationale Opera. Son nouveau chef, Daniele Gatti, dirigeait son premier opéra.
La distribution, soigneusement choisie, comportait une jeune Salomé, la Suédoise Malin Byström, qui débutait dans le rôle après des débuts fracassants au Metropolitan Opera en Arabella. Ses grands moyens excluent cependant les notes graves du rôle, ce qui gêne un peu dans la première scène de la terrasse et dans la scène finale. Mais quelle bête de scène ! Face à elle, le baryton-basse russe Evgeny Nikitin manquait un peu de l’humanité qui fait les grands Jochanaan.
Le plus épatant de la mise en scène était le fait du chorégraphe, le Flamand Wim Vandekeybus, célèbre pour ses pièces facétieuses. Quand Malin Byström entame elle-même la danse des sept voiles, on pense que c’est plutôt bien fait pour une chanteuse. Mais sa danse est vite complétée par un film projeté au fond de la scène, dans lequel elle danse un duo très érotique avec Jochanaan. L’effet est saisissant, d’autant que la performance des deux chanteurs est exceptionnelle.
On peut déplorer que von Hove ait cédé à la facilité de transposer l’action dans un Moyen-Orient contemporain ; si cela ne gêne guère l’action, cela la banalise. On peut regretter aussi quelques originalités assez discutables, comme la proximité de Salomé et Jochanaan dans la première scène, l’effet gore du corps du prophète ensanglanté et encore vivant qui sort de la citerne et le renoncement à montrer la mise à mort de Salomé. On attendait mieux du fondateur du Toneelgroep Amsterdam, qui avait davantage convaincu avec « Iolanta » et « l’Affaire Makropoulos ».
Trois pièces virtuoses
Créée au Metropolitan Opera de New York en 2013, la « Shostakovich Trilogy » était présentée à Amsterdam en première européenne. L’intérêt majeur de ce triptyque, dont les chorégraphies sont réglées sur des musiques appartenant à trois périodes créatrices bien distinctes de Dmitri Chostakovitch, était de voir comment le chorégraphe russe Alexei Ratmansky, en résidence à l’American Ballet Theater depuis 2009, entend la musique de son compatriote, sur laquelle il a réalisé 11 chorégraphies. Très bien, si l’on en juge par la diversité des pièces présentées. Sous couvert d’abstraction, elles racontent toutes une histoire liée à l’œuvre, à l’époque et au compositeur.
Le vocabulaire de Ratmansky tord le cou au style classique académique et se caractérise par une grande virtuosité, l’invention de figures vraiment originales, tout comme certains portés très acrobatiques. Les pas de deux sont admirablement conçus et mettent en valeur les étoiles. Les solistes et danseurs du Het Nationale Ballet ont réalisé une performance technique remarquable pour cette création européenne de haute tenue artistique, notamment par sa réalisation musicale, avec le Balletorkest dirige par Matthew Rowe.
De Nationale Opera Amsterdam, tél + 44.020.625.5455 , www.operaballet.nl
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