Cœurs de rockers

Rock et blues en stock

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Publié le 24/09/2018
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Jazz-Paul Simon

Jazz-Paul Simon
Crédit photo : JAKE EDWARDS

Jazz-Billy F. Gibbons

Jazz-Billy F. Gibbons
Crédit photo : BLAIN CLAUSEN

Loin de son complice Art Garfunkel, avec qui, il y a près de cinq décennies, il a créé des succès planétaires immortels comme « Bridge Over Troubled Water », « Sounds of Silence » ou « Mrs. Robinson », Paul Simon, à l'approche de ses 77 ans (en octobre), a décidé, avec « In The Blue Light » (Legacy/Sony Music), de réhabiliter certains de ses trésors cachés.

4Pour ce 14e album en solo, incluant dix titres, le chanteur, compositeur et guitariste a réalisé un mix musical entre classique et jazz. Il a fait appel à des pointures du genre, Wynton Marsalis (trompette), Bill Frisell (guitare), Jack DeJohnette (batterie), John Patitucci (contrebasse) et le jeune et prometteur Sullivan Fortner (claviers), pour revisiter de façon innovante et raffinée des harmonies et des mélodies anciennes. Le meilleur exemple du « réaménagement » de ces oubliées est incontestablement « Pigs, Sheep and Wolves » à la sauce New Orleans ! Une nouvelle coloration musicale en guise de pardon.

Retour aux sources

Billy F. Gibbons est le fondateur de ZZ Top, ce groupe de rock originaire de Houston (Texas) dont deux des membres sont affublés de lunettes de soleil, de chapeau de cow-boys et surtout d'une barbe démesurée. Si l'on fait abstraction de cette marque de fabrique scénique, le légendaire guitariste, chanteur, harmoniciste et compositeur est aussi et surtout un amoureux inconditionnel du blues. Cet amour absolu pour la « musique du diable », il le déclare dans son dernier opus en solo, « The Big Bad Blues » (Concord Music Group/Universal).

Avec comme invité Matt Sorum, le batteur du groupe de hard-rock Guns N' Roses, Gibbons reprend Muddy Waters (deux titres) et Bo Diddley, au milieu de ses originaux. Avec ces riffs accrocheurs et musclés de guitares électriques, des rythmes binaires appuyés et irrésistibles, façon Chicago Blues, une voix éraillée à souhait mais collant parfaitement à la musique, voilà un authentique disque de blues, qui plonge dans les racines et respecte la tradition. Totalement décoiffant !

Originaire de Louisiane où il est né il y a 75 ans, Tony Joe White, surnommé Swamp Fox (le renard des marais) en référence aux bayous de sa jeunesse, reste trop peu connu en France, où il avait percé en 1968 avec un titre, « Soul Francisco ». En publiant aujourd'hui « Bad Mouthin' » (Yeproc Records/Bertus), le chanteur, guitariste et compositeur revient aux sources du blues et du swamp blues.

Avec sa voix unique, à la fois traînante, nonchalante et grave, Tony Joe White reprend des titres de certaines de ses idoles – Jimmy Reed, John Lee Hooker, Muddy Waters, Lightnin' Hopkins, Big Joe Williams, Charley Patton – en plus d'un morceau du King Elvis Presley, le fameux « Heartbreak Hotel », et de ses propres compositions. Après avoir connu des fortunes diverses dans sa carrière, cet album, aux racines profondes, est une forme de rédemption pour un artiste qui a la boue des bayous bien accrochée à ses bottes et à son style musical.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9688