ROBERT WILSON est l’invité d’honneur et du Festival d’automne et du musée du Louvre. Un événement considérable : Wilson est un artiste qui n’est jamais dans la routine, même si l’on reconnaît au premier regard un spectacle par lui imaginé et réglé. Autant dire qu’il ne reste presque plus de places pour « Einstein on the Beach », qui sera repris au Châtelet en janvier. Un des plus grands spectacles du XXe siècle, que l’on a eu la chance de revoir à Montpellier il y a deux ans et qui, dans sa nouvelle (en partie) distribution, est absolument exceptionnel. On attend « Peter Pan » en décembre et l’on piaffe à l’idée de ce que cet éternel grand enfant a pu faire, théâtralement, avec les comédiens du Berliner Ensemble (les petits enfants de Brecht), du héros de James Matthew Barrie. Et on sera curieux de voir comment le grand Américain investira le Louvre à partir du 11 novembre, y installant un peu son univers du Watermill Center, le lieu où il travaille sans cesse, son point fixe près de New York.
En attendant, parlons de « The Old Woman », d’après l’écrivain russe Daniil Harms (c’est ainsi que l’on transcrit son nom en français, Kharms en anglais). Parlons de Daniil Harms, né le 12 juin 1938 et mort dans un asile psychiatrique, où il avait été jeté parce qu’il ne plaisait pas à Staline, le 2 février 1942. Il n’a écrit que des textes brefs. Il préfigure un peu Ionesco et s’adresse souvent aux enfants. Il aime la répétition. Les reprises. Il aime le bégaiement de la réalité. Il y voit toujours du surnaturel. C’est pourquoi, sans doute, en France, après la publication des premiers textes par Christian Bourgois, c’est Émilie Valantin, une marionnettiste très originale, qui l’a révélé en 1994, ayant compris l’usage que la scène pouvait faire de ces textes.
Après elle, voici Bob Wilson. Il a réuni deux monstres sacrés des plateaux, Mikhaïl Baryshnikov et Willem Dafoe. L’un est un danseur de légende qui s’oriente vers le théâtre. L’autre est un comédien, fondateur d’une compagnie d’avant-garde, The Wooster Group, devenu une star du cinéma. Wilson peut s’appuyer sur la complicité merveilleuse que son idée a fait naître. Ces deux quasi jumeaux s’en donnent à cœur joie sur le plateau. Smokings, visages blancs, corne unique dressée sur chacun des crânes, ils jouent et se jouent de ces fragments de phrases balancées, de l’inattendu à la redite. Ils dansent. Ils parlent avec des micros. Ils font des grimaces. Ce sont deux clowns. Ce sont deux êtres perdus dans le grand charivari du monde.
Le texte est très répétitif et sert de partition : musicalement mais également du point de vue du sens. Une heure trente durant, c’est un déploiement extraordinaire de la perfection du regard et du savoir-faire de Robert Wilson. Des lumières, des images, des couleurs, des mouvements, des apparitions, tout est de l’ordre du miracle et de l’humour. Et, esthétiquement, d’une beauté renversante.
Bien malin qui comprendra exactement ce que veut nous dire Wilson. Mais on comprend ce qui l’a intéressé chez Daniil Harms. Quant aux deux interprètes, ils sont grands, libres, joyeux, insolents, irrésistible !
Festival d’automne (www.festival-automne.com). Théâtre de la Ville (tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com) : « The Old Woman », du 6 au 23 novembre, en anglais et en russe, avec surtitrage ; « Peter Pan », du 12 au 20 décembre, en allemand. Musée du Louvre : « Living Rooms », du 11 novembre au 17 février. Théâtre du Châtelet, « Einstein on the Beach », du 8 au 12 janvier.
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