En prenant de l'âge, Martial Solal (90 ans), qui n'a rien perdu de sa verdeur musicale, se rappelle les rengaines de sa prime jeunesse, qu'il adore glisser au milieu de standards sublimés et réinventés par son immense culture pianistique.
Dans son dernier album, « My One And Only Love - Live at Theater Gütersloh » (Intuition/Bertus), enregistré en solo en Allemagne, « Frère Jacques » (devenu « Sir Jack » en anglais et repris deux fois) côtoie ainsi « Body And Soul », « Night And Day », « All The Things You Are », « Tea For Two », « A Night In Tunisia », ou la « Marche turque » et un pot-pourri ellingtonien. En faisant d'une ritournelle éculée un chef-d'œuvre de créativité, c'est avec une tout élégante espièglerie qu'il évoque une enfance éternelle. Et que dire de ces standards, tout aussi rabâchés, qui, sous ses doigts experts et avec de nouvelles harmonies, atteignent des sommets de lyrisme ? Le tout sans prétention aucune. Des moments jouissifs.
Sources d'inspiration
Au début des années 1990, Brad Mehldau (piano) et son ami et compère Joshua Redman (saxophones) avaient apporté un sang neuf et de nouvelles idées dans le monde du jazz. Deux décennies après, et malgré la vague de jeunisme, une vraie éponge musicale, ces deux quadragénaires (plus pour longtemps) sont toujours capables de donner des leçons.
Brad Mehldau, dont les modèles ont été Bill Evans et Keith Jarrett, et qui est devenu lui-même une source d'inspiration pour quasiment toutes les nouvelles générations, a su porter à son apogée l'art du trio piano-contrebasse-batterie. Ce talent et cette maîtrise exceptionnelle se reflètent une fois de plus dans son dernier CD, au titre énigmatique, « Seymour Reads The Constitution ! » (Nonesuch/Warner).
Entouré de ses fidèles Larry Grenadier (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie) – en complète osmose avec le leader et l'inventivité de son jeu –, Mehldau expose ses propres compositions et revisite les Beach Boys, Paul McCartney, Sam Rivers, saxophoniste/compositeur sous-estimé, et, plus inattendu, Elmo Hope, pianiste be-boper totalement oublié. Un nouveau bijou d'orfèvre né de l'alchimie mélodique et harmonique d'un des meilleurs trios jazz actuel.
Quand il a enregistré « Still Dreaming » (Warner/Nonesuch), Joshua Redman s'est vraisemblablement souvenu de son père Dewey (1931-2006). Il y a plus de 40 ans, ce dernier gravait, avec Don Cherry, Charlie Haden et Ed Blackwell, le premier « Old And New Dreams ». C'est dans la même formule, sans piano et esprit mais avec de sacrées pointures – Ron Miles (cornet), Scott Colley (contrebasse) et l'élégant Brian Blade (batterie) –, qu'il évoque une multitude de fantômes et se souvient. De son père, qu'il a peu connu, de sa mère, mais aussi d'un fondateur/précurseur/innovateur, Ornette Coleman, dont il reprend un thème (« Comme il faut »), ainsi qu'une composition de Charlie Haden. Une façon de boucler la boucle, de rendre hommage aux aînés et de magnifier leur apport au jazz et aux générations.
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