Trois instrumentistes

Reines de cœur

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Publié le 06/03/2017
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Jazz-Rhoda Scott

Jazz-Rhoda Scott
Crédit photo : PHILIPPE MARCHIN

Jazz-Andrea Motis

Jazz-Andrea Motis
Crédit photo : CARLOS PERICA

Arrivée à Paris il y a un demi-siècle pour y étudier avec Nadia Boulanger, Rhoda Scott n'a plus quitté la capitale. Surnommée « l'organiste aux pieds nus », elle y a fait sensation et surtout une brillante carrière, notamment dans les nombreux clubs où elle s'est produite à la tête de différentes formations. Depuis une dizaine d'années, elle dirige un groupe exclusivement féminin baptisé Lady Quartet, composé de Sophie Alour et Lisa Cat-Berro (saxes) et Julie Saury (batterie), la fille du clarinettiste Maxim Saury.

Avec quelques invités (Géraldine Laurent, saxe-alto, Anne Paceo, batterie, et un homme, Julien Alour, trompette, frère de Sophie), l'organiste Hammond, 78 ans, vient d'enregistrer « We Free Queens » pour le label du club Sunside-Sunset, L'Autre Distribution, dont le propriétaire est Stéphane Portet. Un album qui fait référence à « We Free Kings », de Rahsaan Roland Kirk (1961), mais qui est avant tout la démonstration d'un groove hyperchaleureux, d'un swing omniprésent et communicatif et d'une énergie débordante et foisonnante. Avec au programme des thèmes originaux et de magnifiques reprises de Wayne Shorter, de Ray Charles (« What I'd Say ») et de « Que reste-t-il de nos amours ? ». Jubilatoire ! Le Lady Quartet sera en concert le 16 mars au New Morning, à Paris.

« Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années. » Cette citation de Pierre Corneille s'adapte parfaitement à la toute jeune Andrea Motis. À 21 ans, la trompettiste (et chanteuse), originaire de Barcelone, découverte par le contrebassiste Joan Chamorro, signe « Emotional Dance », son premier CD en leader, pour le célèbre label américain Impulse (Universal). Quatorze titres, dont une bonne part de standards de jazz (Cole Porter, Horace Silver, Johnny Mercer), des clins d'œil au Brésil (Antonio Carlos Jobim) et à ses racines catalanes. Sans oublier des compositions personnelles, au nombre de quatre. Un répertoire qui contourne les sentiers battus mais qui laisse un peu trop de place au chant, au détriment d'une trompette très fortement  inspirée par le phrasé de Chet Baker. Andrea Motis sera en concert au Café de la Danse, à Paris, le 17 mars.

Du Brésil

Eliane Elias transpire le Brésil par tous les pores de sa peau. La sculpturale pianiste-compositrice (et chanteuse) a vu le jour à Sao Paulo voici 56 ans. Installée à New York depuis 1981, où elle a rejoint Steps Ahead, le célèbre groupe de jazz fusion de Mike Mainieri (vibraphone), elle s'est forgé une belle réputation en côtoyant des jazzmen comme Randy Brecker (trompette), son mari, Marc Johnson (basse), Herbie Hancock et Toots Thielemans. Elle est de retour avec « Dance of Time » (Concord/Universal, sortie le 24 mars), un CD enregistré au Brésil, comme le précédent, « Made in Brazil », Grammy du Meilleur album de Latin Jazz. Au menu, la même formule gagnante et les mêmes ingrédients (samba, bossa-nova), épicés, langoureux et ensoleillés. Et des invités de marque, comme son mari et Mike Mainieri. Une belle déclaration d'amour à ses racines.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9561