Livres
Éric-Emmanuel Schmitt – dramaturge, romancier, nouvelliste, essayiste, musicien, réalisateur et j’en passe – offre, avec « l’Élixir d’amour » (1) une bluette fort spirituelle, où la question est de savoir s’il est possible de provoquer l’amour. Louise, avocate, et Adam, psychanalyste, se sont séparés après cinq années de vie commune. Elle en a eu assez de ses aventures, elle a quitté Paris pour Montréal. Adam lui écrit et propose de transformer leur « passion blessée » en une « affection sereine ». L’ouvrage est fait de leurs lettres, partagées entre l’évocation de blessures passées et l’annonce de leurs nouvelles aventures. Une correspondance épistolaire dédiée à l’amour mais à la manière… actuelle et qui réserve une surprise confirmant, aujourd’hui comme hier, que rien n’est jamais joué (Albin Michel, 156 p., 15 euros).
Autre auteur et journaliste renommé, Franz-Olivier Giesbert a tenu à rendre hommage à l’écrivain oublié Henri de Régnier, en lui empruntant la formule qu’il estime être la meilleure définition de l’amour de toute l’histoire de la littérature. « L’amour est éternel tant qu’il dure » (2) est ainsi le titre de son « roman », en réalité une succession d’histoires – où la sexualité est aussi partie prenante – qui se déroulent aux quatre coins du monde avec plusieurs personnages successifs, dans une ronde toujours recommencée. Avec en ouverture le personnage d’Amina, une enfant du nord du Mali, que l’on a engraissée de force pour la marier, à 12 ans, à l’imam du village, un sexagénaire qui, sous des dehors érudits, se révèle un tyran sexuel, domestique et religieux ; l’amour finira par les toucher, mais trop tard ; on la retrouve au dernier chapitre de la saga, à l’heure de la vengeance. Un pêle-mêle d’intrigues entre amours et désamours à valeur démonstrative (Flammarion, 358 p., 20 euros).
De nationalité belge (comme désormais É.-E. Schmitt), Francis Dannemark a publié une dizaine de recueils de poèmes et une quinzaine de romans. Son dernier récit, justement intitulé « Aux anges » (3), est une invitation à s’ouvrir aux imprévus de la vie, qui retrouve ainsi toute sa magie. Cela commence comme un road-movie où deux amis d’enfance qui ont « réussi » – l’un, marié et père de deux enfants, l’autre, photographe de mode entouré de top-modèles – et qui se sont perdus de vue, refont connaissance sur des vieux airs de Sinatra. Une panne de voiture leur fait croiser la route d’une extravagante vieille femme, une comtesse italienne qui les héberge dans son château ouvert à tous les vents mais aussi aux animaux blessés et aux personnes désemparées. Des rencontres qui mènent nos deux amis à reconsidérer leurs vies et leurs amours, passées et à venir (Robert Laffont, 212 p., 14 euros).
Le nouveau roman de Didier van Cauwelaert, « le Principe de Pauline » (4), se situe dans la lignée de son prix Goncourt de 1994, « Un aller simple ». Il s’agit là encore d’un récit entre amour et amitié, d’une amitié-passion qui, contre vents et marées, unit trois êtres pendant plus de vingt ans. En fait, une histoire improbable qui débute par hasard, entre un apprenti écrivain empêtré, ex-chauffeur et garde du corps d’un homme politique incarcéré à sa place, et une jeune femme généreuse qui croit que l’amour sert à construire une véritable amitié. L’auteur nous entraîne dans une suite d’aventures rocambolesques faites de séparations et de retrouvailles, de réussites professionnelles et financières suivies d’échecs retentissants et, inversement, de moments de bonheurs fous et de solitudes éprouvantes. De l’art d’aller au bout de ses fantasmes (Albin Michel, 304 p., 20 euros).
* À lire aussi
« Paysage avec dromadaires », de Carola Saavedra. Le premier livre traduit en français de cette auteure née au Chili en 1973 et installée au Brésil, où elle bénéficie d’une très grande notoriété, a pour thème une relation à trois entre Alex, un photographe, Erika, une peintre et Karen, une élève d’Alex. Quand cette dernière meurt d’un cancer, le trio éclate. Un roman de construction et d’atmosphère très étranges (Mercure de France, 195 p., 19,50 euros).
« Les Falaises de Wangsisina », de Pavan K. Varma. Diplomate et haut fonctionnaire jusqu’à il y a peu, l’écrivain indien fait une première incursion dans le domaine de la fiction après une vingtaine d’essais. Le héros du roman est un juriste de New Delhi qui, se croyant condamné par la médecine et alors que sa femme le quitte, trouve refuge au fin fond du Bhoutan, en même temps qu’une jeune femme décidée à embrasser la vie religieuse par dépit amoureux. Ensemble, ils vont s’initier à une philosophie de liberté et de sagesse fondée sur le rire et le sexe (Actes Sud, 235 p., 21 euros).
« La Ronde des désirs impossibles », de Paola Calvetti. Olivia a 33 ans, elle n’a jamais trouvé l’âme-sœur et se sent encore plus démunie après la mort de sa grand-mère adorée ; elle vient d’être licenciée et se remémore ses brefs moments de bonheur passés. Le même jour, alors qu’on célèbre son frère musicien qui s’est suicidé, Diego décide de faire table rase de son passé. Les deux solitudes vont se rencontrer, dans une comédie sentimentale tendre et actuelle (Albin Michel, 269 p., 19 euros).
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