Le programme d’abord. Il ne s'agissait pas comme trop souvent de trois pièces assemblées pour faire une soirée. Tout d'abord une vraie réflexion sur la modernité avec « Agon » (1957), la pièce la plus audacieuse de Balanchine et Stravinski : la complicité des deux Russes exilés en Amérique a conduit à l'illustration parfaite sur la scène de la modernité musicale émanant de la fosse. Puis une création de l'une des personnalités majeures de la danse contemporaine, le Japonais Saburô Teshigawara, sur le « Concerto pour violon » composé en 2009 par le Finlandais Esa-Pekka Salonen. Enfin, la reprise du « Sacre du Printemps » dans l’éternelle chorégraphie de Pina Bausch, une de ses plus mythiques, que le Ballet de l'Opéra de Paris (BOP) conserve depuis vingt ans à son répertoire.
« Agon », contemporain du lancement du premier Spoutnik dans l’espace, reflète un contexte moderne et expérimental, avec la chorégraphie « en noir et blanc » dans laquelle Balanchine laisse de côté le décoratif pour exploiter une modernité qui, comme toute vraie modernité, ne se démode jamais. C’est ce qu’ont prouvé les danseurs du BOP, au premier rang desquels Dorothée Gilbert, Karl Paquette, Audric Bezard, Myriam Ould-Braham et Florian Magnenet. Tout au long de cette courte pièce, dont l’audace des figures dansées n’a d’égale que celle du compositeur, qui joue entre allusion à la Renaissance pour la forme et au sérialisme musical pour l’écriture.
Avec « Grand Miroir » pour dix danseurs, Saburô Teshigawara signe sa troisième création pour le BOP. Le « Concerto pour violon » d'Esa-Pekka Salonen est une superbe composition en quatre parties, dont l’écriture est d’une grande sagesse harmonique et toujours mélodique. Le violon est ici tenu par Akiko Suwanai, qui assure la virtuosité de l'œuvre et, avec une ample sonorité, lui confère une belle chaleur.
La chorégraphie de Saburô Teshigawara, responsable aussi de la scénographie minimaliste et des costumes, n’atteint pas les sommets de la musique qu’elle accompagne. Grâce à de savants éclairages, la première partie se déroule comme un vol d’électrons libres, bien dans le style hypercinétique de Teshigawara quand il danse en soliste, se coulant dans le flux musical très tendu, percussif et chromatique. Mais, très vite, le procédé tourne en rond et patine.
Rite païen
Le rituel du « Sacre du Printemps » de Pina Bausch (1975) commence dès l’entracte, quand les techniciens déversent et étalent sur la scène les kilos de tourbe fraîche dans laquelle se déroule ce rite païen. C'est l'une des plus belles chorégraphies de la chorégraphe allemande disparue en 2009. L’interprète qu'elle avait choisie, la danseuse étoile Eleonora Abbagnato, est aujourd'hui la dernière à avoir participé à la création parisienne en 1997. La relève est magnifiquement assurée par les jeunes danseurs du BOP, qui perçoivent bien toute la sauvagerie du ballet, ainsi que pour ce rôle de l’Élue, tenu en alternance par Valentine Colasante et Alice Renavand. Chaque représentation du « Sacre » agit de façon magnétique sur le public et provoque des applaudissements sans fin.
La présence dans la fosse d’Esa-Pekka Salonen a ajouté un immense prestige aux premières représentations. Depuis le 2 novembre, c'est Benjamin Schwartz qui dirige l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Salonen assure quant à lui la direction de la reprise de la mise en scène de Patrice Chéreau de « De la Maison des morts », à partir du 15 novembre à l'Opéra-Bastille.
Jusqu’au 16 novembre. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
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