Chefs-d'œuvre réédités

Pour les connaisseurs

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Publié le 13/06/2016
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Jazz-Mack the Knife

Jazz-Mack the Knife

Jazz-Phineas Newborn

Jazz-Phineas Newborn

Jazz-Martial Solal

Jazz-Martial Solal

Jazz-Charlie Rouse

Jazz-Charlie Rouse

Tandis que les profanes redécouvriront le meilleur de Sonny Rollins, Stan Getz, Duke Ellington, Charles Mingus, Chet Baker, voire les vocalistes Mel Tormé et Helen Merrill, les amateurs éclairés, à la recherche d'enregistrements oubliés, publiés pour la première fois en CD (boîtier cristal, malheureusement !), trouveront leur bonheur dans des pièces moins connues mais non moins essentielles. D'autant que nombre de ces résurrections sont agrémentées de « bonus tracks » qui ne figuraient pas sur les albums originaux.

Parmi ces rééditions, des saxophonistes de tout premier plan, comme Charlie Rouse (1924-1988), surtout connu pour sa collaboration d’une dizaine d’années avec Thelonious Monk, dans « Yeah ! », un enregistrement de 1961. Le sextet de Dave Bailey, aujourd’hui âgé de 90 ans, avec « One Foot In The Gutter » (1960), avec notamment Clark Terry (trompette) et Curtis Fuller (trombone). Ou encore le particulièrement méconnu Pony Poindexter (1926-1988), originaire de La Nouvelle Orléans, avec « Pony’s Express », gravé en 1962 avec une pléiade d’autres saxophonistes (alto, ténor & baryton) emblématiques, tels Phil Woods, Eric Dolphy, Dexter Gordon et Pepper Adams.

À ces souffleurs s'ajoutent des as du clavier tout aussi importants dans l’évolution du piano – et du trio piano-basse-batterie – dans le jazz moderne. À tout seigneur tout honneur : Martial Solal, 88 ans aujourd’hui, que l’on retrouve à Newport en 1963 (« At Newport ‘63 »), témoignage unique de son premier séjour aux États-Unis. Il est accompagné de Teddy Kotick (contrebasse) et Paul Motian (batterie), autrement dit la rythmique d’alors de M. Bill Evans ! Autre pianiste : Phineas Newborn Jr. (1931-1989), avec son frère Calvin (guitare), pour « Fabulous Phineas », (1958), à la fois lyrique, élégant et à la sonorité très dense et surmultipliée. Et Ray Bryant (1931-2011), qui, dans « Little Susie » (1959-1960), avec son frère Tommy (contrebasse), donne une superbe et magistrale leçon de swing et de liberté harmonique.

Chansons et opéra

Outre ces musiciens thématiques, la collection permet un retour sur d’autres pépites insolites qui étaient, depuis longtemps, aux oubliettes. Comme cet étonnant « Mack The Knife (And Other Berlin Theatre Songs of) Kurt Weill », gravé en 1964 et 1965 par The Sextet Of Orchestra U.S.A., une formation à géométrie variable, conduite par le tromboniste et critique de jazz Mike Zwerin, qui comprenait notamment Eric Dolphy, John Lewis et Thad Jones. Une petite merveille de refrains d’opérette devenus de grands standards du jazz.

Autre œuvre surprenante et curieuse, « A Genuine Tong Funeral », un long opéra musical (sans parole), écrit en 1967 par la pianiste Carla Bley, dirigé par le vibraphoniste Garry Burton, avec Gato Barbieri, Larry Coryell et Steve Lacy.

On n'oubliera pas Dave Pike (1938-2015), un vibraphoniste quasi méconnu qui a enregistré en 1962 « Pike’s Peak », un recueil de standards plein de swing et d’élégance, façon Modern Jazz Quartet (MJQ), en compagnie du pianiste Bill Evans.

   

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9504