En solo ou en trio

Pour l'amour du piano

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Publié le 07/05/2018
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Jazz-Milanta

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Jazz-Fred Hersch Trio

Jazz-Fred Hersch Trio
Crédit photo : JOHN ABBOTT

Si la galaxie des pianistes, à l'image de celle des chanteuses, connaît beaucoup d'étoiles filantes, certains mettent plusieurs années avant de sortir du cercle des initiés pour acquérir une vraie notoriété. C'est le cas de Fred Hersch, 62 ans, prix In Honorem Jazz 2017, décerné par l'Académie Charles Cros pour l'ensemble de sa carrière.

Le pianiste, qui a joué avec des saxophonistes comme Art Pepper, Stan Getz, Joe Henderson ou Lee Konitz, est un miraculé. Victime en 2008 d'un coma de deux mois dû au VIH – il est l'un des rares jazzmen à avoir revendiqué son homosexualité –, il lui a fallu tout réapprendre pour revenir à son niveau de digne héritier de Bill Evans. Et le miracle a eu lieu ! À preuve, son dernier CD en trio, « Live in Europe » (Palmetto Records/Bertus Distribution).

Accompagné de ses partenaires de longue date, John Hebert à la contrebasse et Eric McPherson à la batterie, Fred Hersch y délivre avec brio, élégance et une profonde inspiration six compositions originales et transcende deux titres de Thelonious Monk et Wayne Shorter. Un touché de piano exceptionnel au service de riches idées, le tout exalté par l'empathie et l'homogénéité exemplaires qui se dégagent de son trio. Un must !

On pourra l'applaudir cet été en France : le 10 août à Jazz in Marciac, les 13 et 14 à La Petite-Pierre (Alsace), le 18 à Ramatuelle, le 21 à Coart Jazz Académie et le 25 à Annecy.

En souvenir d'E.S.

Au cours des années 2000, E.S.T., le trio du pianiste suédois Esbjörn Svensson (Dan Berglund, contrebasse, Magnus Öström, batterie) s'était rapidement imposé comme une formation phare de cette formule pourtant très largement utilisée, voire usée. Puis survint le drame : il y a dix ans, le leader trouvait la mort dans un accident de plongée.

Pour honorer la mémoire du pianiste, le label allemand ACT (distribution PIAS) vient de publier « E.S.T. Live in London », un double CD inédit, enregistré au Barbican Centre en mai 2005. Où l'on retrouve la cohésion d'un trio extrêmement soudé, chaque membre apportant sa contribution éclairée à l'élaboration d'une musique originale, touchée par la grâce.

Le contrebassiste Dan Berglund, à la tête de son groupe Tonbruket, publie de son côté un nouvel album, « Live Salvation » (ACT/Harmonia Mundi).

Héritier d'Ellington

À l'écoute de « Wash » (Camille Productions/Socadisc), le disque en solo du pianiste Philippe Milanta, une filiation s'impose : Duke Ellington ! Mais pas seulement. Il y a aussi du Erroll Garner, du Count Basie et du… Claude Debussy, particulièrement honoré ces temps-ci. L'amour pour Duke Ellington – et pour Billy Strayhorn, connu pour son historique collaboration avec le grand chef d'orchestre –, Philippe Milanta l'a partagé récemment avec son compère le saxophoniste André Villeger.

Dans « Wash », il s'agit de quinze compositions, des reprises de standards (Ellington, toujours, avec « In A Sentimental Mood », « Stella By Starlight », de Victor Young) et des titres originaux, qui permettent de mettre en avant un jeu à la fois dynamique et élégant, agrémenté d'une recherche harmonique fouillée, offrant une belle palette de couleurs pleine de swing. Philippe Milanta sera en concert le 30 mai au Sunside à Paris.

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9663