La nouvelle pièce de Florian Zeller est évidemment un peu le miroir de « la Vérité », dont Pierre Arditi, déjà, avait été l’un des interprètes, il y a quelques années. C’est un thème double très fructueux dans la comédie, de Molière à Guitry en passant par les meilleurs vaudevilles. Mais Zeller possède sa propre manière et évoque des dramaturges plus complexes, qui ne donnent pas forcément de résolution aux énigmes factuelles et psychologiques qu’ils exposent. On est ici du côté de Pirandello, de Pinter, sauf qu’à la fin – on ne vous la racontera pas, évidemment – on sait où est la vérité.
Dans un décor unique de salon, avec de grandes reproductions de détails de tableaux célèbres aux murs (Nicolas Sire), des lumières très changeantes qui apportent des notes de surréalité (Laurent Castaingt) et la musique de Benjamin Murat pour encadrer la représentation, Bernard Murat imprime un mouvement vif et dirige à merveille les artistes.
Paul (Pierre Arditi) et Alice (Évelyne Bouix) d’un côté, et leurs amis Michel (Jean-Michel Dupuis) et Laurence (Josiane Stoléru) de l’autre. Tout part d’une réticence d’Alice, qui, soudain, ne veut plus voir ses amis ce soir-là. Elle ne veut plus du dîner pourtant prévu. Trop tard, ils arrivent !
De petite phrase en petite phrase, la conversation du couple va tourner à l’aigre. L’un et l’autre lancent des affirmations qu’ils récusent aussitôt. Cela donne le tournis, évidemment ! C’est vertigineux. Et cela pourrait ne jamais finir, puisque les dés ne cessent d’être relancés. Le couple des amis est au deuxième plan, mais très important. Il est impliqué. Josiane Stoléru, belle personnalité, est dans la retenue, comme l’exige le rôle. Jean-Michel Dupuis dans une bonhomie amicale et rassurante.
Entre Alice et Paul, la conversation à fleurets mouchetés tourne à l’aigre, à la souffrance. Évelyne Bouix est fine, mobile, vive, jouant des intonations de la vérité blessée. Elle est très drôle. Alice semble d’une sincérité à toute épreuve. Face à elle, Pierre Arditi donne à Paul une grandeur à l’italienne. Il fait des mines, roule des yeux, bouge, se démène, lui aussi paraît sincère et démuni face à sa femme qui le harcèle. Peu de comédiens peuvent oser tant d’expressivité tout en demeurant dans de strictes limites. Il en fait beaucoup, mais pas trop. Et cela, c’est tout un art !
Le texte est publié, avec un dossier documentaire, par « l’Avant-scène théâtre » (14 euros).
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