Le Russe Evgeny Kissin revenait jouer au Verbier Festival pour la vingtième fois et, pour ses 45 ans, abordait avec bonheur un des sommets de la littérature pianistique, l’opus 106 de Beethoven, cette « Sonate Hammerklavier » si redoutée des pianistes, avec sa fugue finale qui est un casse-tête technique. Il est tout à son honneur d’avoir attendu la maturité pour jouer cette œuvre en public et on ne doute pas que son interprétation se bonifiera encore au fil des années.
Pour son nouveau double CD, le premier de son retour chez Deutsche Grammophon, le label de ses débuts, Kissin offre un florilège de cinq sonates de Beethoven, « les Adieux », « Appassionata », « Clair de lune », la plus rare « Sonate n°3 » et l’ultime 32e opus 111, plus les « 32 Variations en ut mineur ». Un parcours qu’il mène avec une maturité exemplaire et des trésors de sonorité. Toutes sont enregistrées en public et soigneusement choisies dans une série de concerts par le pianiste lui-même. La sortie de cet album coïncide avec la parution de son autobiographie, « Memoirs and Reflections », chez Orion Press.
Déception et bonheur
Autre pianiste russe habitué du Verbier Festival, Daniil Trifonov n’y est pas venu cet été, retenu par la nouvelle politique de visas aux États-Unis, qui risquait de lui faire perdre sa carte verte en cas d'absence prolongée. On s’est consolé en le voyant remplacé dans le « Concert n°25 » de Mozart par son maître Sergei Babayan, qui, l’été précédent, avait été notre plus beau souvenir du festival avec un lunaire « Premier livre du Clavier bien tempéré » de Bach. On entend rarement, surtout dans cette salle qui y est peu favorable, le piano se détacher aussi bien de l’orchestre tout en restant en fusion absolue avec lui. La délicatesse de son toucher n’a d’équivalent que la noblesse de ses phrasés.
Mais Trifonov est de la rentrée discographique de Deutsche Grammophon avec un double album, « Chopin Évocations ». On ne cachera pas la déception qu’apportent les deux concertos pour piano de Chopin, dirigés platement par un autre pianiste russe, Mikhail Pletnev, qui en a révisé l’orchestration pour le Mahler Chamber Orchestra. Jeu maniéré, phrasés peu naturels, Trifonov les joue plus avec sa tête qu’avec son cœur. Mais quelle noblesse dans les pièces jouées en soliste, comme la « Fantaisie-Impromptu », les « Variations sur "Là ci darem la mano" de Mozart » et encore le « Rondo pour deux pianos opus 73 », qu’il joue avec… Sergei Babayan !
Et comme le nom de l’album l’indique, ce dernier comporte des œuvres de Schumann, Monpou, Grieg, Barber et Tchaïkovski composées en hommage à Chopin. Selon Trifonov, « le génie de Chopin devient encore plus évident dans le contexte de ceux qui l’ont influencé et de ceux qui ont été influencés par lui ». Beau programme pour un grand pianiste !
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