Cette reprise de « Werther », opéra emblématique de la tradition fin XIXe siècle français, tombe à pic pour faire une pause. Et un pont à l’Opéra de Paris entre la programmation lyrique plutôt traditionnelle de l’ancien directeur Nicolas Joel et celle plus progressiste de l’actuel, Stéphane Lissner. Nicolas Joel avait emprunté en 2010 au Royal Opera de Londres une production mise en scène par le cinéaste Benoît Jacquot pour servir d’écrin à un trio de stars, Jonas Kaufmann, Sophie Koch et Ludovic Tézier, dirigés par Michel Plasson. L’Opéra de Paris a ensuite acquis cette production pour la mettre à son répertoire. Stéphane Lissner, en la reprenant dans sa première saison, lui imprime son empreinte avec une toute nouvelle distribution, prestigieuse aussi, et un nouveau chef.
Stéphane Lissner avait espéré créer l’événement en faisant revenir à l’Opéra de Paris le chef Alain Lombard. Une mission à laquelle avait failli Nicolas Joel, le chef ayant claqué la porte, pendant les répétitions du « Faust » de Gounod, à la suite d’un désaccord avec le ténor vedette Roberto Alagna. Lombard ayant cette fois déclaré forfait, Michel Plasson a été appelé pour sauver la mise mais s’est blessé pendant les répétitions. C’est donc le très jeune chef italien Giacomo Sagripanti, prévu pour la prochaine reprise du « Barbier de Séville », qui a pris la succession. Il a dirigé avec un très grand sens dramatique un orchestre de l’Opéra en état de grâce, autant dans sa dynamique d’ensemble que dans les détails instrumentaux dont foisonne la partition.
Distribution internationale
Superbe distribution, avec le ténor polonais Piotr Beczala, qui, s’il n’a pas la grande aisance scénique nécessaire pour incarner à la perfection le personnage complexe de Werther, en est vocalement un interprète idéal, à la voix sûre et vaillante, aux phrasés élégants et à la prononciation excellente. À la mezzo soprano lettone Elena Garanca, on ne reprochera que sa diction approximative, car sa voix riche et puissante, qui s’est bien développée dans le registre grave depuis quelques années, est parfaite pour le personnage de Charlotte, qu’elle a magnifiquement fait évoluer au cours des actes. Magnifique aussi le baryton français Stéphane Degout, dont la prononciation et la tenue scénique sont exemplaires et qui a réussi à donner une humanité insoupçonnée au personnage toujours un peu rébarbatif d’Albert. Enfin, la soprano russe Elena Tsallagova a chanté Sophie sans aucune afféterie et avec une voix légère et ravissante.
On a retrouvé avec plaisir la mise en scène dépouillée de Benoît Jacquot, aux éclairages raffinés et aux costumes d’époque recherchés. Dans la direction d’acteurs, tout glisse avec l’évidence de plans cinématographiques bien réglés.
Un spectacle traditionnel, mais pas rétrograde, et une bien salutaire pause après un début de saison en fanfare dans la modernité à tout prix.
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