À Verbier, étape incontournable de l’été lyrique européen, les étuis à violon, flûte, violoncelle remplacent les skis sur les épaules des estivants et si fondues et raclette font toujours recette, c’est davantage pour se remettre des émotions musicales que de celles des sports alpins ! En 2014, les jeunes musiciens en formation à l’Academy y ont côtoyé les gloires planétaires de la musique classique, Argerich, Pletnev, Maisky, Trifonov, Kissin, Sokolov, Gautier Capuçon et tant d’autres. Erato regroupe sur un double CD, « Verbier Festival Best of 2014 », les temps forts de cet été 2014, celui de son vingtième anniversaire.
C’est le piano qui règne dans ce choix, avec le final du « Concerto n°1 » de Tchaïkovski, dirigé par Charles Dutoit, avec une Martha Argerich électrisante, un formidable ensemble Scriabine par Evgeny Kissin et « Six morceaux » opus 19 de Tchaïkovski par Daniil Trifonov. De grands moments vocaux aussi, avec « Don Carlos » de Verdi extrait d’un concert qui en présentait l’acte III, avec le fameux affrontement entre Philippe II et le Grand Inquisiteur (Ildar Abdrazakov et Mikhail Petrenko) et l’air « Merci beau crépuscule » de « La Damnation de Faust » de Berlioz par le ténor américain Charles Castonovo, extrait d’une soirée menée aux sommets par Charles Dutoit.
L’édition 2015 a quant à elle été très riche en événements. Si l’on n’en retient qu’un, c’est la rencontre autour de Schumann entre Menahem Pressler, fondateur et pianiste durant 53 ans du défunt Beaux Arts Trio, légende vivante de la musique et désormais nonagénaire, assumant de nouveau depuis près de dix ans une carrière de soliste, et le baryton Matthias Goerne, le meilleur, osons l’écrire, Liedersänger de l’ère post-Fischer-Dieskau. Un moment de musique pure, singulier et inoubliable, dans l’acoustique parfaite de l’église de Verbier et le mystère de la nuit montagnarde. Comment ne pas avoir été d’emblée étranglé d’émotion en voyant s’avancer avec une lenteur prudente la frêle silhouette du pianiste, qui relève à peine d’une convalescence chirurgicale et qui avance difficilement, agrippé au bras du colosse qu’est le baryton saxon, aussi précautionneux que s’il transportait le Saint-Sacrement ? On a pu entendre, avec toutes les étonnantes nuances dont Goerne est capable et avec cette fusion entre le texte et la musique devenue denrée quasi introuvable, un « Dichterliebe » inoubliable d’immédiateté et de concentration. Menahem Pressler a enchaîné avec les rares « Geistervariationen », dernière œuvre intime et fantomatique composée par Schumann après son saut dans le Rhin et juste avant son admission à l’asile où il finira ses jours. Les douze Lieder qui suivaient (d’après von der Neun et Lenau), qui ne sont pas parmi les plus chantés, étaient, pour la fusion entre le chanteur et le pianiste, formidablement aboutis. Émouvant et passionnant concert et rencontre probablement unique devant un public très conscient de l’événement et reconnaissant.
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