AVEC « 6000 miles away »*, les spectateurs du théâtre des Champs-Élysées ne seront pas restés sur leur faim, comme ce fut le cas aveces derniers spectacles aux programmes rachitiques donnés en période de fête – et au prix fort – par Sylvie Guillem, avec Russell Maliphant ou Akram Kahn. Ils ont eu droit à trois parties de durée raisonnable, quatre même, certains soirs, avec « Memory », de Mats Ek, dansé par le chorégraphe avec Ana Laguna.
Le nom du programme, qui sera repris à Lyon, est un hommage au séisme qui a frappé le Japon il y a un an, alors que Sylvie Guillem créait à Londres le duo « Rearray », commandé à William Forsythe. Elle le danse avec Massimo Murru, danseur étoile du Ballet du Teatro alla Scala de Milan. Du Forsythe sage comparé à la virtuosité de ses grandes pièces des années 1970. Les deux solistes s’affrontent sur une musique hypnotique de David Morrow. L’espace et le temps sont découpés par des éclairages spectraux, en minuscules séquences. Cela permet de constater que, bien que retirée des difficultés de la danse classique, Sylvie Guillem garde une technique impeccable, une ligne admirable et que le rythme exigeant de Forsythe n’a toujours pas de secret pour elle.
Intermède nécessaire, « 27’52 » (2002) n’est certainement pas du meilleur Jirí Kylián, mais permet de briller à deux jeunes solistes, anciens du Nerderlands Dans Theater (donc formés chez Kylián), la Française Aurélie Cayla et le Slovaque Lukas Timulak. Courte composition sur une musique de Dirk Haubrich fondée sur deux thèmes de Gustav Mahler, « 27’52 » est interprété au niveau d’excellence du reste de la soirée, avec une pointe d’humour dans la virtuosité, une lumière plus réchauffante.
C’est avec « Bye », création de Mats Ek, deuxième commande de Sylvie Guillem, que culmine le programme présenté au théâtre des Champs-Élysées. Jouant du contraste de l’austérité de l’Arietta de la « Sonate op. 111 » de Beethoven avec une chorégraphie pour le moins humoristique, Ek a inventé un savant jeu de vidéo en noir et blanc, au travers d’une porte, faisant passer Sylvie Guillem, telle Alice à travers le miroir. Plus d’une fois, on pense à la Giselle de Mats Ek, avec la dégaine dégingandée de ce personnage tout en fantaisie et en tendresse, qui dialogue avec son propre double et passe de l’état de petite fille à celui de femme mûre puis âgée, un parcours de vie plein d’humanité et de gravité.
Humour.
Ballet humoristique qui décrit heurs et malheurs des occupants d’un appartement plein de fantaisie, « Appartement », créé en 2000 pour le Ballet de l’Opéra de Paris, y a fait beaucoup d’usage. Au Palais Garnier, où sa musique originale est interprétée par l’excellent Fleshquartet de Suède, il vient en fort contraste après « Dances at a Gathering », pièce maîtresse de Jerome Robbins sur des pièces de Chopin bien mièvrement interprétées par Vessela Pelovska, où l’on peut voir briller Josua Hoffalt dans ses débuts de jeune danseur étoile, aux côtés de ses pairs Agnès Letestu, Nicolas Le Riche, Mathieu Gagno et Clairemarie Osta. On passe sur des variations un peu scabreuses sur un bidet, des aspirateurs, des fœtus et un bébé carbonisé dans un four, car l’œuvre contient de réelles merveilles sur l’usage passionnel de la télévision, les mouvements de passants et surtout un merveilleux pas de deux autour d’une porte, accessoire fétiche de Mats Ek, dans lequel Nicolas Le Riche et Alice Renavand se montrent particulièrement inspirés.
* Nuits de Fourvière, les 12, 13, 15 et 16 juin à 22 heures (tél. 04.72.32.00.00, www.nuitsdefourviere.com)
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série