Le plus célèbre concours de piano du monde est passé du statut le plus opaque à une transparence mondiale grâce à la chaine Internet Medici, qui en a retransmis en accès gratuit toutes les épreuves et concerts, en direct de Moscou et Saint-Pétersbourg (et en replay). On a ainsi pu voir surgir au milieu des « bêtes à concours » un jeune pianiste français au parcours assez peu typique. Il est certes passé par le Conservatoire national de Paris mais a été plus largement formé, après des études de lettres modernes, par le professeur russe Rena Shereshevskaya, de l’École normale de musique de Paris- Alfred Cortot.
Dès la première épreuve, Lucas Debargue conquiert le public et fait grande impression sur le jury et sur Valery Gergiev, coprésident du comité d’organisation, éminence grise de la vie musicale russe. Un hallucinant « Gaspard de la Nuit » de Ravel à la deuxième épreuve met le feu aux poudres. Si une épreuve concerto moins remarquable le conduit à la quatrième place, il sera le seul candidat, toutes disciplines confondues, à se voir décerner le prix de l’Association des critiques musicaux de Moscou. Et, entorse au protocole, Valery Gergiev le fera jouer au concert des lauréats, réservé aux premiers prix.
Les qualités de Lucas Debargue explosent dans son premier enregistrement, réalisé à l’initiative de Sony Classical lors de son premier récital parisien, à la Salle Cortot en novembre 2015. Le choix du programme, très original, reflète en grande partie ce qui avait forcé l’admiration à Moscou. On y retrouve « Gaspard de la Nuit », très intelligemment mené, certainement sans les prises de risques avec les tempi de Moscou, mais déployant des trésors de sonorité et des éclairages étonnants. Le morceau s’enchaîne parfaitement avec une « Mephisto Waltz » de Liszt endiablée, elle-même succédant à une « Quatrième Ballade » de Chopin respirant large, sans aucune des excentricités de tempi qui sont la tendance du jour, et empreinte d’une très belle mélancolie. Le programme s’ouvre et se referme avec Scarlatti, dont Lucas Debargue a choisi quatre sonates, toutes remarquables par leur théâtralité et chacune ayant une idée directrice, un message différents.
Concerts à venir
N’en déplaise aux organisateurs de concerts, un auditorium de musée n’est pas une salle de concert. D’où la relative déception ressentie lors du deuxième récital de Lucas Debargue à Paris, le 24 mars. Dans le cas de la Fondation Louis Vuitton, il s'agit d'une belle salle de 350 à 1 000 places, avec une hauteur sous plafond (si l’on peut dire pour une forme pyramidale) vertigineuse, certains murs en verre et des accès qui laissent passer des voix venues de l’extérieur. Ce ne sont pas des conditions idéales pour mettre en valeur un jeune interprète. Ainsi on ne retrouvait pas dans les sonates de Scarlatti qui ouvraient le concert la beauté, la plénitude sonore que l’on peut entendre dans le CD.
Est-ce parce que l’on ne l’y avait pas entendu encore, le climax du concert aura été pour nous une Sonate en si mineur de Liszt admirablement bien menée, avec une maîtrise de la forme, des éclairages et un nuancier de couleurs passionnants. Lucas Debargue reviendra à Paris à l’automne, à la Philharmonie, avec des lauréats du Concours Tchaïkovski, et en avril 2017 aux Concerts du Dimanche matin du Théâtre des Champs-Elysées.
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