L'opérette reine

Festival thématique, comme Wagner à Bayreuth ou Rossini à Pesaro, le Seefestspiele Mörbisch se consacre exclusivement à l'opérette autrichienne. À 60 km de Vienne, le village vigneron de Mörbisch am See est situé au bord du lac Neusiedler, qui marque la frontière entre l'Autriche et la Hongrie. Les possibilités touristiques sont nombreuses, parmi lesquelles Eisenstadt, avec le château Esterházy, dont Haydn fut le musicien attitré, la ville frontalière de Sopron en Hongrie et l’immense plaine magyare ou le parc naturel d'Hortobagy.

Le festival, qui dure six semaines, accueille 6 000 spectateurs par soir, soit plus de 150000 par saison, dans des gradins disposés face à une scène géante qui, comme à Bregenz, flotte sur le lac. Il a fêté ses 60 ans avec l'opérette « Gräfin Mariza », d'Emmerich Kálmán, dont la scénographie extraordinaire restera dans les annales.

Un immense violon, long de 45 m et haut de 14, domine la scène sans obstruer le magnifique paysage lacustre. Après l’ouverture, le violon s’ouvre pour laisser place à un opulent décor qui permet à l’action de se déployer dans différents lieux du palais hongrois de la comtesse Maritza. Crée à Vienne en 1924, cette opérette combine le style classique austro-hongrois avec des numéros dignes du musical américain naissant.

Musicalement, la réalisation était parfaite, avec un orchestre brillant dirigé par Guido Mancusi et une bonne distribution : Julia Koci, impeccable dans le rôle-titre, Roman Payer, très séduisant comte Tassilo, et Rinnat Möriah campant délicieusement la sœur de ce dernier. Final impressionnant, avec un feu d’artifice et des jeux d’eau parfaitement synchronisés avec la musique.

Le festival 2019, qui se déroulera du 11 juillet au 24 août, sera consacré au « Pays du sourire », de Franz Lehar. On peut commander le DVD de « Gräfin Mariza » sur le site du festival (1).

120 ans d'opéra

À Vienne, la saison des deux opéras commence assez tôt pour permettre aux touristes de l’été d’en profiter. Le Volksoper fêtait son 120e anniversaire en beauté avec un concert de gala avec un invité de marque, le chanteur américain Drew Sarich, populaire à Vienne comme dans toute l’Allemagne sur les scènes de comédie musicale. Il a brillé dans « Porgy and Bess », de Gershwin, et dans « Wonderful Town », de Bernstein. La soirée faisait aussi place à l’opérette viennoise, avec des extraits de la prochaine nouvelle production, « la Princesse des Csardas », de Kálmán (2).

Relative déception au Staatsoper avec une nouvelle production du « Freischütz » de Weber, la mise en scène de Christian Räth apparaissant hors sujet. Mais une bonne reprise d’« Ariane à Naxos », de Richard Strauss, dans laquelle brille la mezzosoprano française Sophie Koch (3).

(1) www.seefestspiele.at
(2) www.volksoper.at
(3) www.wiener-staatsoper.at