Peinture, musique, cirque, cinéma, danse…

Les spectacles revisités par l’écriture

Publié le 22/04/2014
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Livres

La première curiosité est sans doute « Jongleries » (1), le premier roman - et premier volet d’une trilogie - du ténor d’origine mexicaine Rolando Villazon. Il enchevêtre le destin de deux clowns, l’un célèbre et heureux en amour, l’autre obscur et esseulé ; les deux souffrent dans leur corps, l’un par la maladie et l’autre par l’âge. L’auteur joue sur l’idée des vies parallèles et le lecteur, très vite, se perd dans ses jeux de passe-passe, les mots et les personnages rebondissant comme des balles. Le récit se déroule entre rêve et réalité et l’on passe de la description de spectacles merveilleusement poétiques à celle des souffrances physiques qu’induisent ces métiers destinés à enchanter le public.

La question que pose Giovanni Montanaro,avocat et écrivain, dans « Toutes les couleurs du monde » (2) est légitime : qu’a fait Vincent Van Gogh entre août 1879 et juin 1880, lorsqu’il a erré à travers la Belgique, avant de devenir le peintre que l’on connaît ? L’auteur imagine qu’il s’est arrêté à Geel, surnommé le village des fous, car ceux-ci vivent en liberté parmi la population, laquelle en tire profit. Thérèse Sansonge, une fausse folle - une orpheline qui n’aspire qu’au bonheur - se met dans les pas du vagabond, car elle pressent qu’il fera de grandes choses et que son destin s’accomplira grâce aux couleurs. Lui ne la voit pas. La longue lettre qu’elle lui écrit plus de dix ans plus tard l’empêchera-t-elle de sombrer dans la folie ? Une prose chatoyante pour un roman qui a été en 2012 finaliste du prix Campiello (les critiques choisissent 5 livres, qui seront départagés par un jury de 300 lecteurs).

Le narrateur de « Look » (3) est, comme son auteur Romain Villet, aveugle. Il est pianiste de jazz et il vit une histoire d’amour avec Sophie, qui le guide dans les tourbillons colorés de la société de l’image. Un jour, la jeune femme a envie de bouger, de voir du pays, alors que lui ne voyage que par les notes et les mots. Une fiction pour dire le monde contemporain du point de vue d’un narrateur aveugle, les relations que celui-ci entretient avec ceux qui l’entourent, et une réflexion sur la notion de dépaysement.

Premiers romans

La musique, encore, est au cœur de « Barcarolle » (4), mais pas seulement. Dans ce premier roman de Fabrice Amchin - auteur précédemment de pastiches en prose ou en vers -, le narrateur vient d’enterrer son père et commence une histoire d’amour avec Carole. La jeune femme est vendeuse dans un magasin de vêtements chic et prête à tout pour devenir chanteuse de variétés ; lui est pianiste de musique classique et compositeur méconnu. Outre la difficulté de concilier deux univers aux antipodes, l’auteur revient encore et toujours sur les relations difficiles entre le père et le fils, qui laissent ce dernier plutôt démuni devant la vie.

Premier roman également, signé Thibault Malfoy, « Paris est un rêve érotique » (5) ouvre la porte d’un cabaret parisien du même nom. Le narrateur y a été entraîné par sa compagne Zoé, il y voit Cecilia danser et il est subjugué. Le récit est une succession de saynètes entre fantasmes et réalité, qui nous entraîne à la suite du jeune homme dans les rues de Paris et les nuits blanches, tandis que sa vie sentimentale et pratique se déchire entre la femme qu’il aime et ce corps qui le bouleverse. Une rêverie éveillée tout en joliesse.

Si le rêve a un nom, c’est Hollywood, mais le rêve est multiple. C’est ainsi que Laurent Bénégui, romancier, scénariste et réalisateur (l’adaptation de son livre « SMS » sortira en salle au mois d’août), a choisi la comédie. Dans « J’ai sauvé la vie d’une star d’Hollywood » (6), il narre l’invraisemblable rencontre entre un scénariste à la ramasse, un mafieux russe psychopathe et une star hollywoodienne, et les imbroglios qui s’ensuivent quand l’auteur les plonge dans une cascade de situations aussi improbables que parfaitement logiques !

Comment un père, qui avait donné la priorité à son travail de journaliste et à ses aventures féminines, peut-il réagir après le brusque décès de sa fille de 20 ans ? Dans « la Vie dont tu rêvais » (7), Antoine Rault, auteur de théâtre à succès (dont « le Caïman » ou « le Diable rouge »), montre un homme complètement anéanti et qui va renaître à la « vraie » vie en réalisant le souhait de son enfant : puisqu’elle ne rêvait que de cinéma et de célébrité, il décide d’emporter ses cendres là où elle voulait aller, à Hollywood. Un périple en mer semé d’embûches et de surprises, qui se transforme en voyage initiatique sur le monde et sur lui-même.

(1) Jacqueline Chambon, 277 p., 21,80 euros.

(2) Grasset, 202 p., 16,90 euros.

(3) Gallimard, 189 p., 15,50 euros.

(4) Éditions de Fallois, 147 p., 16 euros.

(5) Grasset, 205 p., 17 euros.

(6) Julliard, 352 p., 20 euros.

(7) Albin Michel, 304 p., 20 euros.

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du Médecin: 9320