Défilé de chanteurs

Les sons de la voix

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Publié le 30/05/2016
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Jazz-Stuch

Jazz-Stuch

Jazz-Ian Shaw

Jazz-Ian Shaw

En quelques années, Gregory Porter s'est imposé, vocalement et physiquement, parmi les chanteurs de jazz, éclipsant quasiment tous ses concurrents, dont certains étaient en place bien avant lui. Sa recette : l'éternelle casquette noire à rabats, une carrure d'ex-footballeur américain, un large sourire et une vraie bonhomie affichés en permanence et, en prime, une voix sensuelle de baryton et de crooner. Sans oublier l'énorme battage publicitaire autour du personnage originaire de Sacramento (Californie), toujours surpris par sa soudaine popularité.

Qu'il est loin le temps, où, pour la sortie de son premier succès, « 1960 What ?» (2010), il ne remplissait que les clubs de la capitale. Trois albums plus tard, y compris le très bon « Liquid Spirit » (2013), il partage les scènes des grands festivals de l'été et vient de faire paraître « Take Me To The Alley » (Blue Note/Universal), son quatrième opus.

Un album qui, à l'écoute attentive, laisse un peu sur sa faim. Certes la voix est là, posée, roulant sur du velours, et le charme opère. Cependant, il faut attendre les deux derniers morceaux, « French African Queen » et « Fan The Flames », pour retrouver tous les talents du chanteur, doublé d'un compositeur intelligent. Patience ! Gregory Porter sera notamment le 25 juin au Festival Django Reinhardt de Samois-sur-Seine (Seine-et- Marne) et le 18 juillet à Jazz à Juan (Antibes/Juan-les-Pins).

À découvrir

Relativement peu connu en France, le chanteur-pianiste (comédien et animateur de radio) gallois Ian Shaw est une gloire nationale au Royaume-Uni, où il collectionne les récompenses (2 BBC Jazz Awards). S'il a débuté sur les conseils de Ronnie Scott, l'emblématique saxophoniste et propriétaire du club du même nom à Londres, il a aussi collaboré avec Cedar Walton (piano), Lew Soloff (trompette), Joe Lovano (saxe) et le vocaliste Mark Murphy, décédé en 2015, à qui il a beaucoup emprunté pour construire son style propre.

Pour son dernier CD, « The Theory of Joy » (Jazz Village/Harmonia Mundi), Ian Shaw a endossé le rôle de crooner élégant et sobre à la tête d'un trio piano-basse-batterie pour retravailler et se réapproprier des compositions de Joni Mitchell, Paul Williams, Michel Legrand, Jacques Brel (étonnant « Ne me quitte Pas »), David Bowie ou encore du groupe de rock Traffic. Un chanteur à découvrir absolument le 2 juin au Jazz-Club de l'hôtel Méridien Paris-Etoile.

De tout temps, les jazzmen ont eu la tentation de se transformer en chanteurs. Avec plus ou moins de réussite selon que l'on s'appelle Fats Waller, Louis Armstrong ou Chet Baker. Dernier en date à avoir sauté le pas, le batteur Stéphane Huchard, surnommé Stuch, qui a partagé ses fûts, caisses et autres cymbales avec Morane, Sanseverino, Michel Jonasz ou encore Tania Maria. Dans « Tranches de tronches » (Such/Harmonia Mundi), le rythmicien privilégie le jonglage avec les mots et les textes, dont certains s'apparentent à des répliques de cinéma façon Michel Audiard ou Boris Vian. À l'écoute attentive, une jolie surprise parfaitement jubilatoire.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9500