L’homme ne pourrait pas vivre, dit Jean-Marie Pelt dès le début de son nouveau livre, « sans le cortège innombrable des micro-organimes, des plantes et des animaux qui l’accompagnent dans son aventure terrestre ». Mais dès la Renaissance en Occident s’est imposé un thème délétère : « Si l’homme peut tout prendre à la nature, il ne lui doit rien en retour. »
Une nature, une Terre, qui, dans le langage de notre auteur, sont manifestement des personnes. Ainsi, écrit-il, « lorsque l’homme manque à ses devoirs envers celle qui le porte, celle-ci finit par se retourner contre lui ». Cette mère n’a pourtant pas toujours fait l’objet d’un respect absolu. Jean-Marie Pelt consacre d’intéressantes pages aux déboisements que les peuples de l’Antiquité ont opérés, tels les Libanais détruisant leurs cèdres pour les vendre aux peuples construisant des bateaux, grecs et romains.
Selon l’auteur, ce serait en France, en 1861, que serait né le concept de protection de la nature, lorsqu’une partie de la forêt de Fontainebleau fut déclarée « réserve artistique » au profit des peintres de l’époque. Demeure le fait que, très vite, l’homme modifiera son rapport avec la nature, et par là même son lien avec son intériorité et avec l’autre en général, d’où des lignes percutantes sur l’homme actuel. « Le nez sur le guidon, l’humanité est engagée dans une course folle qui aurait fait frémir les philosophes, les sages et les saints (...) D’où cette agitation fébrile, ces buzz, cette société bruyante et brouillonne sans repères ni références. »
Passé et spiritualité
Jean-Marie Pelt se défend de céder au mythe du « bon vieux temps ». Mais c’est pour évoquer aussitôt sa vie de Lorrain réfugié en France durant la deuxième guerre mondiale. « Rien ne manquait, la nourriture était abondante, issue des champs, du potager. » Un peu plus loin, il parle de la vie à la ferme, « dénuée de tout équipement technologique », tout comme il s’attendrit sur « la charrette à l’âne » qu’il aimait tant conduire.
C’est aussi par rattachement au passé que sa pensée vogue vers les textes bibliques et surtout vers les sages d’Extrême-Orient. S’il a raison de flétrir notre monde asservi au culte de la marchandise et à l’innovation destructrice, des thèmes déjà lus mille fois, il n’est pas sûr que notre salut vienne du retour prosterné vers les théologies et la dictature des spiritualités bouddhiste et taoiste. Le respect pour la Nature peut bien sûr passer par la contemplation éblouie, mais la Nature n’est ni bonne ni perverse, elle est, tout simplement, et véhicule aussi bien les champignons vénéneux que les comestibles.
On doit découvrir dans cette contemplation, ajoute encore Jean-Marie Pelt, « la beauté du Créateur ». Peut-être, mais si Dieu existe, pourquoi aurait-il créé une réalité moins parfaite que lui ? Peut-être la COP21 nous sauvera-t-elle, mais sûrement pas une nouvelle tyrannie du Ciel.
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