Figures historiques et standards

Les hommages de la basse

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Publié le 01/12/2020

Les célébrations des grandes figures disparues du jazz ne cessent de se multiplier. Hommages de la basse à Bill Evans, Jaco Pastorius et aux standards.

Thomas Fonnesbaek et Justin Kauflin

Thomas Fonnesbaek et Justin Kauflin
Crédit photo : OSKAR ALLERBY

* Le duo est un exercice parfois risqué. Certains pièges peuvent être contournés quand il s'agit du tandem piano/contrebasse, puisque le premier contribue aux harmonies et accords et que le second est un complément de rythme. C'est à cette expérience que se sont livrés Diego Imbert et Alain Jean-Marie autour de l'univers du pianiste Bill Evans, dans « Interplay - The Music of Bill Evans » (Trebim Music/L'Autre distribution).

Le contrebassiste à la longue carte de visite, d'Archie Shepp à Tigran Hamasyan en passant surtout par Didier Lockwood, avec qui il a travaillé pendant une dizaine d'années, et le vénérable pianiste tout-terrain, qui ne compte plus les collaborations, notamment avec les plus grands noms du jazz moderne, avec sa maestria be-bop et son amour de la biguine, ressuscitent les grandes heures du binôme Bill Evans/Eddie Gomez dans les années 1970.

De la complicité, de l'intimité, de la communication, des échanges et une forme de compagnonnage sur des compositions d'un maître du clavier, de Miles Davis, et d'autres plus inattendus, comme Burt Bacharach et Denny Zeitlin. Des œuvres renouvelées par de sacrés dialoguistes.

Diego Imbert et Alain Jean-Marie devraient être en concert le 1er avril au Bal Blomet à Paris.

* On peut être de jeunes jazzmen et avoir une passion pour les standards. C'est le cas de Thomas Fonnesbaek et Justin Kauflin dans le bien nommé « Standards » (Storyville Records).

Le contrebassiste danois, dans la lignée expressive de son glorieux aîné Niels-Henning Oersted Pedersen (NHOP), et le pianiste américain, ancien accompagnateur de Clark Terry (trompette), ont trouvé un parfait terrain de jeux et de conversations musicales avec des morceaux d'anthologie à jamais entrés dans le répertoire, comme « Bouncing With Bud » (Bud Powell), « Take The "A" Train » (Billy Strayhorn), « Whisper Not » (Benny Golson) ou encore « Round Midnight » (Thelonious Monk).

Avec leur sens de la spontanéité, de la dévotion, de l'inspiration, du feeling instantané et du rythme très swing, ils parviennent à enflammer et donner un éclairage nouveau à ce riche héritage.

Basse électrique et big band

* André Charlier (batterie) et Benoît Sourisse (piano/orgue Hammond), aux commandes de leur formation version XXL, le Multiquarium Big Band, ont convié un virtuose de la guitare, Biréli Lagrène, reconverti pour l'occasion à la basse électrique, et un batteur hors pair, Peter Erskine, afin de célébrer une icone du jazz-rock, Jaco Pastorius, dans « Remembering Jaco » (Naïve/Believe).

Joseph Francis Anthony Pastorius III (1951-1987), décédé des suites d'une très violente bagarre, fut le bassiste du groupe le plus emblématique de la période jazz fusion, Weather Report, et surtout celui qui révolutionna l'approche, l'esthétique et la technique de la basse électrique.

Sous les doigts de Biréli Lagrène, qui a joué avec Jaco, les baguettes de Peter Erskine, son complice au sein de Weather Report, et surtout la puissance de feu des 17 musiciens et solistes du grand orchestre taillé sur mesure, certaines compositions phares du bassiste revivent et sont réinventées avec une jouissance extrême et époustouflante. Un vrai bonheur.

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin