Retour vers ce qui est devenu l’origine : les quatre millions de Français descendus dans la rue à la suite des attentats des 7 et 9 janvier. On l’a déjà beaucoup dit et écrit, « l’onde de choc des attentats ne cesse de révéler les fractures béantes de la société française » : sous l’apparente unité de ceux qui se découvrent « Charlie » apparaissent des frontières et des conflits. Y a-t-il une véritable unité, une histoire commune, un sens de la République, interroge Patrick Weil, qui répond aux questions du journaliste du « Monde » Nicolas Truong,
Ces fameuses fractures, mais surtout la personnalité des assassins de « Charlie », suscitent les habituelles interrogations. L’Islam, disent certains, est une religion violente, « inassimilable, alimentée par une immigration depuis longtemps incontrôlée ». D’autres pointent au contraire l’établissement de ghettos sociaux au sortir de la guerre d’Algérie, assimilant notre pays à un « régime d’apartheid ». Ce sont ces questions qu’éclaire avec soin Patrick Weil. Il revient sur la question de l’immigration, l’obtention de la nationalité et finalement tirant la nappe, toute la vaisselle venant avec, se trouve contraint d’exposer la question républicaine dans sa totalité.
L’histoire des communautés
Ce qui confère une indiscutable profondeur à l’ouvrage est la prise en compte des traumatismes et de la douleur liés à l’histoire des communautés. Ainsi l’auteur montre-t-il comment la petite phrase du général de Gaulle sur le peuple juif « sûr de lui et dominateur » s’inscrit douloureusement dans le registre des pires clichés après la Shoah.
Mais c’est surtout autour du traumatisme de la guerre d’Algérie que portent les analyses. Cinquante ans après, pieds-noirs, musulmans et juifs, harkis continuent de se détester et d’agiter des fantasmes. Patrick Weil pointe les avatars du décret Crémieux, qui, un moment, donna l’impression que les juifs étaient favorisés, tout comme il relève la maladresse d’une gauche qui, par sympathie, refuse dans un premier temps la nationalité française aux Algériens musulmans, et l’obstination d’une extrême droite qui agite les mêmes fantasmes que Darquier de Pellepoix il y a soixante-dix ans, selon lesquels la population française serait peu à peu « remplacée par les immigrés ».
De l’histoire de l’immigration aux conflits identitaires qui agitent la France d’aujourd’hui, Patrick Weil dessine la carte des blocages et malentendus. Il suffirait parfois de se parler : ce pourrait être cela, dit-il, le sens de la République.
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