* « Wrecking Ball » (Columbia/Sony Music) est le disque d’un homme en colère, furieux, qui exprime une grande partie de son indignation contre tout un système. Un indigné, diraient certains... Pourtant, Bruce Springsteen, surnommé The Boss, est depuis le début de sa carrière, il y a près de 40 ans, un homme et un chanteur-compositeur qui a souvent voulu dénoncer les travers du rêve américain. Dans la lignée des pionniers comme Woody Guthrie et Bob Dylan, qui restent ses modèles. Dans son dernier opus, lui qui a soutenu Barack Obama il y a quatre ans, va un peu plus loin, s’attaquant aussi bien aux banquiers qu’aux dérégulateurs financiers et appelant à la résistance. Si deux morceaux – « Rocky Ground » et « Land of Hope and Dreams » – empruntent au gospel, d’autres, comme le titre de l’album ou celui d’ouverture – We Care of Our Own » – témoignent de la dure réalité vécue par les Américains moyens actuellement face à la voracité des banquiers – les robber barons – et aux méfaits de la crise financière de 2008. Musicalement, ce CD permet aussi de réentendre et de rendre hommage à l’ami et complice de longue date, l’explosif Clarence Clemons (saxophone-ténor), décédé l’année dernière. « Wrecking Ball », ou comment emballer d’amères pilules de la société actuelle dans un sucre au goût de rock’n’roll. Pour s’enflammer à Paris-Bercy, les 4 et 5 juillet.
* Rien de comparable avec Gregory Porter, LA révélation masculine jazz de l’année. La quarantaine, une carrure et une taille de footballeur américain – ce qu’il aurait pu être sans un fâcheux accident à l’épaule –, une étrange casquette à visière vissée sur la tête, mais doté d’une voix d’une réelle suavité, propre aux crooners, le chanteur adoptif de Brookyln, est le digne héritier des meilleurs comme Nat King Cole, l’une de ses références. Une filiation payante et reconnue puisque son premier album, « Water », incluant le tube « 1960 What ? », a obtenu un Grammy Award dans la catégorie « Meilleur album de jazz vocal », ainsi que le prix du jazz vocal de l’Académie du jazz en France. Aujourd’hui, il récidive avec « Be Good » (Motema/Harmonia Mundi), qui fait la part belle à des compositions personnelles très mélodieuses et à deux reprises, dont une en hommage à Billie Holiday (« God Bless Thye Child »), et à ce phrasé vocal, parfois « churchy », digne des plus grands vocalistes masculins. Il sera à La Cigale à Paris le 2 juin et en tournée dans les festivals cet été.
* Esperanza Spalding est une jeune femme (27 ans) comblée qui ne manque pas de qualités. Excellente bassiste, chanteuse à la voix agréable, première musicienne de jazz primée aux Grammy Awards dans la catégorie « Best New Artist », elle s’est fait une belle réputation grâce à son adoubement par Barack Obama, qui l’a invitée à la Maison Blanche en 2009. Après un album crossover, elle est de retour avec « Radio Music Society » (Heads-Up/Concord), un CD tout aussi ouvert musicalement, surtout vers les musiques noires américaines actuelles et urbaines, où, en compagnie de pointures comme, notamment, Joe Lovano (saxe), Terri Lyne Carrington, Jack DeJohnette, Billy Hart (batterie), Lionel Louéké, Jef Lee Johnson (guitare), ou l’un des géants du hip-hop, Q-Tip, elle démontre aussi ses capacités de créatrice et de maîtresse de maison qui sait capter l’attention de façon positive. Sur la scène de La Cigale, à Paris, le 23 mai.
* La chanteuse Mina Agossi n’a jamais caché ses amours musicales multiples. Cataloguée jazz, la franco-béninoise quadragénaire a toujours aimé bousculer les tabous, enfoncer les barrières, décloisonner et surprendre. Ce qu’elle fait dans son nouvel album, « Red Eyes » (Naïve), dans lequel, avec comme invité très spécial l’immense saxophoniste Archie Shepp, elle se lance dans des reprises magistrales rock – « Red House », de Jimi Hendrix –, délivre des compositions personnelles aux accents bluesy et s’affirme comme une artiste originale en décalage.
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