Jazz d'aujourd'hui

Les batteurs en première ligne

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Publié le 02/10/2017
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Jazz-Humair

Jazz-Humair
Crédit photo : DR

À 36 ans, Mark Guiliana est un nouveau petit génie de la batterie moderne. Son jeu polyrythmique personnel très expansif et créatif est admiré dans le monde du jazz et lui a valu d'être appelé par David Bowie pour l'enregistrement de son album-testament « Black Star », d'être convié par le pianiste Brad Mehldau pour un duo électro-jazz particulier et de collaborer avec des jazzmen de renom comme John Scofield, Donny McCalin et Avishai Cohen.

Après avoir ainsi touché à des formes très contemporaines de drumming, le jeune prodige, dont le jeu dégage des spectres de sons souvent innovants, vient d'enregistrer « Jersey » (Motema Music/PIAS) à la tête de son Jazz Quartet : Jason Rigby (saxophone-ténor), Fabian Amalzan (piano) et Chris Morrissey (contrebasse). Un album qui marque son retour dans le monde du jazz acoustique, parfois complexe, dans lequel chacun des membres du groupe trouve son articulation et apporte ses riches idées par rapport à la tension physique et rythmique dégagée par le leader.

Un CD atmosphérique, dont le (trop) court « Rate » (0:52') en solo est dédié à ses pairs Roy Haynes, Elvin Jones, Art Blakey et Tony Williams. Impressionnant ! Mark Guiliana sera au New Morning à Paris, le 16 novembre dans le cadre du Blue Note Festival.

Les vétérans

Voici plus d'un demi-siècle que Daniel Humair fait partie de la caste des grands batteurs européens et internationaux ayant une prédilection pour une musique libre et affranchie, tournée vers l'improvisation et la création spontanée. À 79 ans, ce rare batteur, quasiment ambidextre, peintre et sculpteur d'origine suisse, qui a joué avec tout ce que le jazz moderne et avant-gardiste compte de pointures, a décidé de rendre hommage, non à ses pairs musiciens, mais à des congénères plasticiens du XXe siècle, à travers un CD intitulé « Modern Art » (Incises/Outhere). Le trio d'explorateurs qu'il forme avec Vincent Lê Quang (saxes ténor & soprano) et Stéphane Kerecki (contrebasse) s'est inspiré de Jackson Pollock, Pierre Alechinsky et Yves Klein notamment, pour créer des formes de jazz sans barrière et sans frontière, qui sont autant de passerelles, de correspondances et de vibrations poly-artistiques. Le trio sera le 13 octobre au cinéma Le Balzac, à Paris, et le 17 novembre au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois.

Batteur d'origine italienne, Aldo Romano, 76 ans, qui a lui aussi connu les grandes heures du jazz free, à son arrivée à Paris voici plusieurs décennies, s'est révélé au fil du temps, et avec beaucoup de sagesse, un authentique mélodiste. « Mélodies en Noir & Blanc » (Le Triton/L'Autre Distribution), sa dernière production, en est la parfaite illustration, avec en prime un brin de nostalgie. Dix courtes pièces – dont une surprenante reprise chantée d’« Il voyage en solitaire », de Gérard Manset – qui sont de très belles et émouvantes invitations au voyage, bercées par un admirable trio, d'où émerge Dino Rubino (piano), au touché lyrique et souvent bouleversant (et Michel Benita, contrebasse). De la très belle ouvrage. Rendez-vous le 30 novembre au Triton, aux Lilas.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9606