Jazz et biguine

Le swing des Antilles

Par
Publié le 22/05/2017
Article réservé aux abonnés
Jazz-Jean-Claude Montredon

Jazz-Jean-Claude Montredon
Crédit photo : MICHEL BLONDEAU

Élevé rue de la Batterie, à Fort-de-France, en Martinique, Jean-Claude Montredon pouvait difficilement choisir un autre instrument pour faire une carrière de musicien. Une carrière de rythmicien qui s'étale sur un demi-siècle, au cours de laquelle il a accompagné aussi bien l'élite des musiciens antillais – Marius Cultier, Mario Canonge et Alain Jean-Marie (piano), son frère d'arme depuis plus de quarante ans ou Ralph Tamar (ex-Malavoi) – que des jazzmen de renom – notamment Terence Blanchard, Eddy Louiss, Richard Bona et Archie Shepp. Une carrière de 50 ans au service des rythmes toutes tendances confondues, enfin récompensée, à 67 ans, par un premier CD en leader, « Diamant H2o » (QMix).

Si cet album rend un hommage appuyé à ce rocher énigmatique ancré au large du sud de la Martinique, il résume tous les styles musicaux auxquels est particulièrement attaché le batteur : la mazurka, la valse et le bélé de son île, la samba, le funk et, bien sûr, le jazz. Pour ce faire, il a fait appel à des pointures du genre. Outre son « frère télépathe » Alain Jean-Marie, Jon Handelsman (saxe et flûte), Michel Alibo (basse) et Stéphane Belmondo (trompette et bugle). De la belle ouvrage. Mieux vaut tard que jamais !

Métissage des genres

Originaire de Guadeloupe, Sonny Troupé a lui aussi été élevé aux rythmes de son île, parmi lesquels le gwo ka, dont le tambour est l'instrument emblématique, et à ceux du jazz, à travers principalement Max Roach et Art Blakey. Une filiation qui a conduit le jeune leader de 39 ans à jouer avec des saxophonistes comme Kenny Garrett et David Murray, tout en poursuivant sa propre démarche musicale, marquée par un métissage des genres. Qui se retrouve dans son nouvel album, « ADD2 - Reflets Denses » (Contre courant/Socadisc).

À la tête d'un double quartet, dont un conduit par l'excellent pianiste martiniquais Grégory Privat, augmenté de très nombreux invités, principalement aux voix, le batteur/chanteur/sampler livre un CD aux formes musicales variées, plongeant à la fois dans la tradition et les ambiances actuelles.

Le carnaval est une institution aux Antilles. C'est cette dernière que veut faire vivre et connaître le guitariste/chanteur Ralph Avital. Dans son dernier disque, dont la direction artistique a été confiée au pianiste de jazz Laurent Coq, cet enfant du 13arrondissement de Paris, né d'un père guadeloupéen et d'une mère martiniquaise, nous emmène dans un monde musical festif, coloré et tellement caribéen. Il sera à Paris (Sunside) le 10 juin pour présenter son projet.

Enfin, à noter que le label Frémeaux & Associés vient de sortir, dans sa collection « Live in Paris », « Mes inédits - Janvier-Juin 1958 », d'Henri Salvador. Soit des enregistrements réalisés dans les studios d'Europe n°1 par le chanteur/guitariste accompagné alors de la crème des jazzmen français, Raymond Fol (piano), Pierre Michelot (contrebasse), Moustache (batterie), Barney Wilen (saxe-ténor), ou encore le Big Band de Count Basie. Ou quand le jazz rencontre l'humour de textes signés Boris Vian, Raymond Queneau, Jacques Prévert et Henri Salvador lui-même. La classe !

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9583