Première électrique le 10 octobre, jour anniversaire de la naissance de Verdi (en 1813) et jour de grève nationale. Le préavis de grève levé, la représentation put avoir lieu et révéler au public de l’Opéra de Paris, où l'œuvre avait été créée en 1867, une version complète du « Don Carlos » original français, en quatre heures et quarante minutes. Tout ce qui fut livré par Verdi pour les premières répétitions, sauf le ballet, qui n'avait pas encore été composé.
On connaît sous le nom de « Don Carlo » les avatars italiens de l’œuvre, avec les versions de Naples, Milan puis Modène, dont on joue généralement un joyeux mélange. L’avantage de la version originale est un meilleur développement du drame d’après Schiller. On est aussi plus proche d’un style d’opéra à la française, plus clair orchestralement, plus théâtral. Et l’acte de Fontainebleau, supprimé par la suite, s’il comporte quelques longueurs, rappelle les bases du mariage franco-espagnol (Philippe II d'Espagne, père de Carlos, et Élisabeth, fille du roi de France Henri II) qui mène à la paix en Europe grâce au traité de Cateau-Cambrésis.
La réalisation scénique a été confiée au metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski, qui a signé sous le directorat de Gérard Mortier quelques productions très contestées par le public. Au rideau final, le Polonais et son équipe ont encore reçu une bronca d’importance, qui, pour une fois, ne nous a pas semblé justifiée. En transposant le drame de l’époque de Philippe II dans son sinistre Escurial à une Espagne d’opérette qui pourrait être celle d’Alphonse XIII, avec un Grand Inquisiteur qui aurait des faux airs du général Franco, sa mise en scène lui fait perdre de sa crédibilité historique et politique. Mais les personnages sont observés à la loupe et la direction d’acteurs ne perturbe pas la compréhension.
Fête vocale
Musicalement, la soirée a été la fête vocale attendue. Car si la distribution réunie n’était pas celle qui était annoncée, soit les six plus grands chanteurs du monde, au moins se situait-elle au niveau des prétentions tarifaires de l’Opéra de Paris. On ne peut s’empêcher de rappeler qu’en 1996 Stéphane Lissner, l’actuel directeur de l’établissement, avait fait beaucoup mieux au Théâtre du Châtelet, en réunissant pour la même œuvre, mise en scène par Luc Bondy, Alagna, Van Dam, Mattila, Meier, Hampson et Halfvarson.
Cette nouvelle distribution internationale était dominée par trois interprètes indiscutablement superlatifs, Elina Garancala (princesse Eboli), énergique et aux somptueuses couleurs vocales, Ludovic Tézier (marquis de Posa), au sommet de ses magnifiques moyens vocaux et très en progrès dans son maintien scénique, et Sonya Yoncheva (Élisabeth de Valois), grande et belle voix au potentiel dramatique. Le Philippe II d’Ildar Abdrazakov souffrait d’un français problématique et le Grand Inquisiteur de Dmitry Belosselskly manquait des graves abyssaux du rôle. Quant à Jonas Kaufmann, que tout le monde attendait, il a relativement déçu. Carlos, dans la version française, n’est pas un rôle idéal pour lui, il n’en a plus la fraîcheur, et la direction d’acteur de Warlikowski ne lui a pas permis d’en faire un personnage charismatique.
L’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Paris, dirigés de façon très chambriste par Philippe Jordan, ont contribué à rendre mémorable cette soirée.
– Opéra de Paris Bastille, jusqu'au 11 novembre (deuxième distribution à partir du 31 octobre). Tél. 0809.20.89.90, www.operadeparis.fr
– Sur France Musique le 29 octobre à 20 heures
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