CINEMA - « Wadjda », de Haifaa Al-Mansour

Le combat des femmes

Publié le 07/02/2013
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Crédit photo : DR

HAIFAA AL-MANSOUR est fière, à juste titre, et doublement en tant que femme, d’avoir écrit et mis en scène le premier long métrage jamais réalisé en Arabie saoudite. Cela grâce à une coproduction avec l’Allemagne et à quelques aménagements du métier, comme diriger certaines scènes de rue depuis un van, avec talkie-walkie. La jeune femme peut aussi être fière du film, une œuvre lumineuse qu’elle promène avec succès dans les festivals.

Son héroïne de 12 ans, Wadjda, qui vit dans la banlieue de Ryad, est une battante. Comme, on l’imagine, doit être la réalisatrice. Elle n’a pas envie, explique-t-elle, de montrer des victimes mais en dit davantage avec l’histoire du défi d’une petite fille qu’un long documentaire sur la condition des femmes dans certains pays musulmans.

Wadjda ne rêve que d’un chose : s’acheter un vélo vert pour pouvoir faire la course avec son ami Abdallah. Mais sa mère, sachant qu’il est très mal vu pour une fille de monter à bicyclette, lui refuse l’argent. Alors Wadjda, d’habitude rebelle à la discipline, décide de participer au concours de récitation coranique de son école, doté d’une récompense financière.

Aidée de sa jeune actrice, Waad Mohammed, la réalisatrice brosse un portrait particulièrement attachant. Elle a l’intelligence de ne pas dramatiser, même si elle a des choses à dire sur la société saoudienne et la situation qui est faite aux femmes. Nous suivons Wadjda dans sa vie quotidienne, plutôt facile, ses relations chaleureuses avec sa mère. On sourit souvent des réactions de l’adolescente, qui sont aussi celles de son âge. La mise en scène, fluide, contribue à l’empathie pour le personnage principal et à la réussite du film.

« J’espère, dit Haifaa Al-Mansour, avoir fait un film aussi proche que possible des vies des femmes saoudiennes, qui les inspirera et leur donnera la force de questionner et défier les difficultés sociales et politiques qu’elles rencontrent. » Le film parle à toutes les femmes et ne devrait pas laisser indifférent tout amateur de cinéma, quel que soit son sexe.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9216