Théâtre
Dans la salle du bas du Théâtre de Poche, on est dans une proximité qui sied parfaitement à la représentation d’« Aucassin et Nicolette ». Devant les bancs qui enveloppent l’espace scénique, sur un petit plateau, deux escabeaux de bois, des instruments de musique et une sorte d’étagère sur laquelle sont posés des objets qui accompagnent le spectacle. Le bois domine, comme un frêle esquif.
Arrivant des coulisses avec leurs tambourins, surgissent les deux interprètes, chaussés de poulaines noires. Stéphanie Gagneux, longs cheveux blonds, visage fin, porte un costume qui la coupe en deux. D’un côté une robe longue, rouge, de l’autre, une tunique bleue, plus courte. D’un côté elle est Nicolette, de l’autre, Aucassin. La costumière Sabine Schlemmer reprend là une tradition de l’époque. Brock, qui signe la scénographie et les lumières, porte un pantalon brun, un gilet vert sur une chemise blanche, un béret de velours. Il est tous les autres personnages de cette chantefable unique, la seule qui soit demeurée de la grande littérature du Moyen Âge. Tous deux incarnent également, tour à tour ou ensemble, des troubadours-conteurs.
Stéphanie Tesson met en scène le texte avec allégresse. Il y a des parties contées et des parties chantées en heptamètres (sept pieds). L’accompagnement sonore est nourri par les objets dont s’emparent tour à tour les deux interprètes, avec des compositions hallucinantes de Brock qui sait tout exprimer : le vent, le chant des oiseaux, les moutons, la mer, etc. Il y a là un talent exceptionnel et une inventivité qui ravit.
L’histoire est un grand voyage : on part de Beaucaire, où Aucassin, fils du comte Garin, est amoureux de Nicolette. Elle est une captive achetée par le vicomte de la ville, qui en a fait sa filleule. Le père voudrait que son fils épouse la fille d’un roi et fasse la guerre. Mais les amoureux ne l’entendent pas ainsi.
Si l’action se situe dans le Sud, c’est en picard qu’est composée la chantefable. La nouvelle traduction de Stéphanie Tesson est faite pour le théâtre. C’est un moment délicieux que l’on passe à écouter les deux conteurs fraternels, sensibles et drôles.
Théâtre de Poche-Montparnasse, à 19 heures du mardi au samedi, dimanche à 17 h 30. Durée : 1 h 15. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com.
Le texte de la traduction, avec un dossier documentaire est publié par « l’Avant-Scène Théâtre » n° 1373 (12 euros). Signalons également le volume de l’Anthologie du théâtre consacré au Moyen Âge et à la Renaissance (35 euros) et les travaux d’un médecin passionné par la littérature de l’époque, le Dr Olivier Bettens, accessibles sur http://virga.org.
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