Tradition et nouveaux visages

Le blues comme antidote

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Publié le 03/04/2020

Dans sa quintessence le blues n'a pas pour vocation d'être une musique particulièrement joyeuse. Ne dit-on pas « avoir un coup de blues » ? Mais en ces temps difficiles, un petit coup de blues peut être bon pour le moral !

Bai Kamara

Bai Kamara
Crédit photo : MICHAEL CHIA

* L'imposant Popa Chubby (de son vrai nom Theodore Joseph Horowitz, né à Brooklyn), c'est 150 kg de muscles (mais pas que !) et 30 ans de carrière dans le blues-rock très urbain, New York City oblige ! Popa Chubby, c'est aussi des riffs de guitare mordants, accrocheurs, et quelque peu agressifs parfois. Sans oublier des textes et des mélodies marqués par les tendances du moment avec des connotations diverses.

Comme la nourriture, avec « The Flavor is in the Fat » (le goût est dans le gras) qui ouvre son dernier album, « It's A Mighty Hard Road » (DixieFrog). Cette référence culinaire passée, le reste du disque (15 courts titres) est un festin ancré dans un blues et un rock qui sentent l'asphalte de la jungle urbaine. À la fois très électrique, rythmé et musclé comme ce beau rejeton de Big Apple. Savoureux !

* Au départ, Bai Kamara n'avait pas du tout le profil du bluesman. Né en Sierra Leone d'un père politicien et d'une mère comptant parmi les plus anciennes diplomates du pays, il est élevé en Angleterre puis fait des études de commerce à Bruxelles. Malgré ces prédispositions, il se lance dans l'écriture de chansons et une carrière musicale. Qui le conduira à fréquenter une partie de la diaspora africaine dès 2001 – et même Vanessa Paradis – et à s'engager personnellement.

Un engagement que l'on retrouve dans son nouveau CD, « Salone » (Moosicus), enregistré avec The Voodoo Sniffers. Essentiellement acoustique, ce disque rempli de sensibilité et très coloré plonge dans une forme de blues traditionnel dont les références pourraient être John Lee Hooker et Big Bill Broonzy, le tout pimenté des racines africaines du chanteur-compositeur. Et également agrémenté par une voix chaleureuse, soutenue par un jeu de guitare ardent et incisif.

Guitare et harmonica

* Watermelon Slim (de son vrai nom Bill Homans), dont le chemin a croisé ceux de bluesmen de légende comme John Lee Hooker, Robert Cray et Champion Jack Dupree, s'exprime dans un style propre au Delta du Mississippi, là où la musique du diable a vu le jour. Avec pour seules armes une guitare dobro et un harmonica. Et c'est avec ces instruments de travail acoustiques que celui qui a été nommé dans plusieurs catégories aux Blues Music Awards en 2020 a enregistré en live « Traveling Man » (NorthernBlues Music/Bertus France - double CD).

Seul en piste, il reprend des titres écrits par des maîtres du genre, dont Muddy Waters, Chester Arthur Burnett (alias Howlin' Wolf) et Fred McDowell, et expose ses propres compositions. Dans lesquelles se retrouvent toute l'âme et les valeurs du blues traditionnel, à savoir sujets personnels et/ou politiques. Le tout admirablement accompagné par une guitare slide et le souffle originel de l'harmonica. Dépouillé et authentique.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin