Dans les bacs

L'automne en pente douce

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Publié le 03/10/2016
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Jazz-John Scofield

Jazz-John Scofield

Jazz-Shabaka

Jazz-Shabaka

Jazz-Dhafer Youssef

Jazz-Dhafer Youssef

Comme le jazz, le blues, la soul et autres musiques noires, la country music – tant décriée en France parce que blanche et celle des « bouseux » (Redneck) – fait partie de l’histoire musicale des États-Unis. Comme d’autres (rares !) jazzmen avant lui, John Scofield a voulu rendre un hommage appuyé à ce style. Accompagné de ses fidèles complices (Steve Swallow, basse, et Bill Stewart, batterie), ainsi que par le très swinguant organiste (Hammond B3)-pianiste Larry Goldings, le guitariste électrique, un temps compagnon de Miles Davis, reprend à son compte dans son dernier CD, « Country For Old Men » (Impulse/Universal), des thèmes écrits par quelques-unes des plus grandes figures du genre.

Des ballades de Hank Williams, Dolly Parton, Merle Haggard, Johnny Mercer ou encore Shania Twain, voire des chansons traditionnelles, sont ainsi parfois déconnectées de leur contexte. Mais elles prennent le chemin d’une forme de jazz qui, tout en respectant la trame originale, porte la marque et le jeu incisif de l’éclectique leader. La sphère du jazz vient encore de s’agrandir. John Scofield sera en concert le 20 octobre à Paris, au New Morning, le 21 à Clermont-Ferrand (festival Jazz en Tête), le 29 à Issoudun et le 12 novembre à Nevers (festival D’Jazz à Nevers).

À l'orientale

La rencontre entre le jazz et les musiques orientales s’est opérée il y a déjà longtemps. Un nouvel exemple en est donné par un des grands maîtres de l’oud, Dhafer Youssef. Pour son dernier opus enregistré à New York, « Diwan of Beauty and Odd » (Okeh/Sony Music), le musicien tunisien, également compositeur et chanteur, a fait appel à la crème de la nouvelle génération des jazzmen actuels : le prodige de la trompette Ambrose Akinmusire (sur deux titres seulement), Mark Guiliana (batterie), Aaron Parks (piano) et Ben Williams (contrebasse).

Et le leader de réaliser un étonnant et subtil alliage – ou une juxtaposition – entre les mélodies moyen-orientales originales, parfois lancinantes, et la vivacité créatrice du jazz. Un album musicalement diversifié mais très homogène dans sa globalité et son inspiration. Dhafer Youssef sera en concert le 20 octobre à Seignosse, le 22 à Lons-le-Saulnier, le 10 novembre à Clermont-Ferrand, le 18 à Laval et le 14 avril 2017 à Paris, à l’Olympia.

Mélange des genres

Plus connue pour la pop et le rock (voire le blues), la scène anglaise nous réserve parfois des surprises. Ainsi Shabaka Hutchings. Né à Birmingham en 1984, élevé à La Barbade, le jeune saxophoniste-ténor fait partie de cette génération de musiciens qui mélange sans vergogne – et parfois avec un certain succès – une multitude de musiques. Leader de plusieurs groupes (Sons of Kemet, The Comet is Coming), il vient de graver avec la fine fleur des jazzmen sud-africains actuels, réunis sous le nom de The Ancestors, « Wisdom of Elders » (Brownswood Recordings), son premier disque en tant que leader. Une musique résolument contemporaine, loin des clichés, très énergique, pleine de fougue, puissante et sans concession, qui explose en pleine figure.

   

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9522