Duo, trio, quartet

La vitalité du jazz

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Publié le 12/09/2016
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Jazz-Redman et Mehldau

Jazz-Redman et Mehldau
Crédit photo : DR

Le saxophoniste (ténor et soprano) Joshua Redman et le pianiste Brad Mehldau se connaissent depuis le début des années 1990, quand le deuxième officiait au sein du quartet du premier. Avant de prendre son envol comme leader et de faire une impressionnante carrière. Les deux jeunes loups, amis et jazzmen talentueux de tout premier plan, qui ont su influencer les nouvelles générations, ont eu l'occasion de collaborer à trois reprises (1994, 2010 et 2013) au sein de leurs propres formations. Leur nouvel album, « Nearness », propose six titres enregistrés lors de leur tournée en Europe (Espagne, Norvège, Pays-Bas, Allemagne, Suisse) en juillet et novembre 2011. Dont une composition de Charlie Parker, « Ornithology », qui ouvre puissamment le CD, et une reprise de Thelonious Monk. Si l'art du duo est fait d'échanges, de communication et d'écoute du partenaire, alors ces deux complices démontrent qu'ils sont des improvisateurs et des créateurs majeurs de ces dernières décennies. Ils seront en concert le 5 novembre au festival Jazz d'Or de Strasbourg, le 13 à Lyon et le 14 à la Philharmonie de Paris.

Relectures

Spécialiste de la déconstruction de reprises (des « covers » souvent rock et pop) depuis plus d'une quinzaine d'années, le trio The Bad Plus (Ethan Iverson, piano, Reid Anderson, contrebasse, David King, batterie) s'est aussi fait expert dans l'art de reconstruire, ou plutôt se réapproprier totalement, des morceaux pour certains devenus iconiques. Leur dernier opus, « It's Hard » (Okeh/Sony Music), n'échappe pas à la règle. Avec une étonnante relecture, notamment, de « Time After Time » de Cindy Lauper (déjà emprunté par Miles Davis), de « I Walk The Line », de Johnny Cash, ou de « The Beautiful Ones », de Prince. Sans oublier le clin d'œil à Ornette Coleman. Une musique désarçonnante, toujours surprenante mais dont on se délecte. The Bad Plus sera en concert le 3 octobre à Schiltigheim, le 4 à Nantes, le 11 à Saint-Jean-de-Védas, le 16 à Rouen, le 9 novembre à Paris (New Morning) et le 10 à Bordeaux.

Trop peu connu, Joe Lovano (63 ans) est l'un des rares saxophonistes-ténor à avoir synthétisé le meilleur des traditions de ses alter ego, toutes générations confondues. Avec un style mêlant souplesse et invention rythmique énergique, que l'on retrouve dans « Classic ! Live at Newport » (Blue Note/Universal). Un album en hommage au pianiste Hank Jones et au président du label historique Bruce Lundvall, gravé au Newport Jazz Festival en 2005. Le leader est accompagné de Hank Jones (87 ans alors), George Mraz (contrebasse) et Lewis Nash (batterie). Un quartet d'excellence, qui, sur des standards (Kern/Hammerstein, Thad Jones, Oliver Nelson) et des compositions originales du saxophoniste, délivre un jazz à la fois vivace, puissant, généreux et enthousiasmant. Une musique à l'épreuve du temps.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9516