CINÉMA - « Thérèse Desqueyroux », de Claude Miller

La vérité humaine

Publié le 21/11/2012
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Crédit photo : W. BONBON

« THÉRÈSE DESQUEYROUX », le livre publié par François Mauriac en 1927, symbolise l’étouffement de la famille, de la province et de la religion il y a près d’un siècle. Le film du même nom réalisé en 1962 par Georges Franju avec Emmanuelle Riva et Philippe Noiret transpirait la même oppression. On craignait donc de respirer une odeur de naphtaline avec la nouvelle adaptation voulue par Claude Miller.

Il n’en est rien. Le réalisateur sensible de « la Classe de neige » et d’« Un secret » a su éviter l’aspect désuet de la reconstitution en centrant son récit sur l’évolution de son personnage principal. Au lieu du flash-back du roman – Thérèse sort du palais de justice et l’on revoit ce qui l’a menée là au fil d’un monologue intérieur – on découvre la jeune fille avant le mariage qui va lui être imposé pour la prospérité des familles et on vit en même temps qu’elle ses espoirs, ses déceptions, ses tentations de révolte, sa recherche d’une forme de liberté et la nécessité qui lui apparaît d’un geste irréversible. Le personnage en acquiert de l’épaisseur : on la comprend mieux tout en s’inclinant devant sa part de mystère.

Audrey Tautou, ravie de ce rôle très différent de ce qu’on lui avait proposé jusque là, incarne parfaitement cette Thérèse qui, pour être dans un carcan ancien, a des accents modernes. Et le cinéaste a su bien l’entourer. Gilles Lellouche prouve qu’il n’est pas qu’un amuseur ou un fort-à-bras, Anaïs Demoustier confirme son talent de film en film, Stanley Weber apparaît prometteur, Catherine Arditi, Isabelle Sadoyan, Francis Perrin jouent parfaitement leur partition. Sans oublier les paysages des Landes.

« Thérèse Desqueyroux » est le dernier film de Claude Miller, décédé d’un cancer le 4 avril dernier, à l’âge de 70 ans.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9193