LE TROMPETTISTE et bugliste canadien Kenny Wheeler fait partie intégrante des musiciens de jazz, même si son discours tient beaucoup à l’improvisation libre et s’il s’est évadé dans les arcanes du rock, voire l’écriture pour les grands ensembles. De par son âge, 81 ans, il a rencontré des jazzmen aussi divers que Lee Konitz, Paul Gonsalves (l’un des saxophonistes-ténors emblématiques de Duke Ellington), Anthony Braxton et Keith Jarrett dans les années 1970, et cofonder, en 1977, un groupe de jazz de chambre remarqué, Azimuth, avec John Taylor, piano, et Norma Winstone, vocal. C’est justement avec le pianiste réputé de la scène anglaise et le bassiste électrique Steve Swallow, compagnon de la pianiste et chef d’orchestre Carla Bley, qu’il vient d’enregistrer « One of Many » (CamJazz/Harmonia Mundi), un CD rempli d’une certaine poésie et plein de lyrisme mélodique, dans lequel se mêlent émotions et sentiments, renforcés par l’absence d’élément rythmique. Avec en prime, un son de cuivre remarquable de romantisme.
À 66 ans, le pianiste et saxophoniste (alto) allemand Joachim Kühn* a été et reste une des grandes voix du jazz avant-gardiste et free et de la musique librement improvisée des années 1960/1970. Brillant et inspiré improvisateur, il a partagé la scène, depuis son arrivée en France, avec des musiciens comme Archie Shepp, Michel Portal, Jean-Luc Ponty, Daniel Humair, et il a même accompagné Ornette Coleman, qui a pourtant horreur du piano... Depuis 2003, Kühn a embrassé une nouvelle aventure très orientée jazz world, en compagnie du multi-instrumentiste marocain Majid Bekkas (chant, oud, guembri) et du percussionniste espagnol Ramon Lopez. Le troisième album du trio, « Chalaba » (Act/Harmonia Mundi), vient de sortir. Et comme les précédents, il marie intelligemment phrases de jazz, rythmes enivrants et colorés de l’Orient et de l’Asie et mélodies traditionnelles d’Afrique du Nord. Une belle invitation aux voyages et à la découverte.
Vijay Iyer** est un jeune pianiste américain (40 ans), d’origine indienne, qui a travaillé avec des jazzmen aussi différents que Steve Coleman et Roscoe Mitchell, mais a toujours su – et voulu – garder en mémoire ses racines. « Tirtha » (Act/Harmonia Mundi), son dernier opus, en est le parfait exemple, car il installe une sorte de passerelle entre la tradition – personnifiée par le guitariste (et vocaliste) Prasanna et le joueur de tabla Nitin Mitta – et l’apport jazz du leader. Soit de riches échanges et une forme de fusion entre trois esprits habités par leur culture commune.
À cause de – ou grâce à – leur éloignement, les musiciens du nord de l’Europe pratiquent souvent des formes musicales étonnantes et surprenantes, voire inattendues. Ainsi Markku Ounaskari (batterie), Samuli Mikkonen (piano), réputés sur la scène jazz finlandaise, et Per Joergensen (trompette, voix), originaire de Norvège, ont décidé, pour leur dernier opus, « Kuàra » (ECM/Universal), de puiser leurs sources d’inspiration dans les psaumes russes et les chansons du folklore finno-ougrien de l’est de la Finlande. Une exploration ethno-musicale dans laquelle l’improvisation et l’écoute de l’autre tiennent en grande part pour un projet plutôt insolite.
* Coutances, Jazz sous les Pommiers, 3 juin ; Vitrolles, Charlie Jazz Festival, 2 juillet.
** Clichy-sous-Bois, Festival Banlieues Bleues, 5 avril.
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