La ministre de la Culture Roselyne Bachelot se bat pour obtenir des fonds supplémentaires, afin d’abonder les aides mises en place pour soutenir le secteur. Aux 7,5 milliards d’aide déjà dégagés, elle a demandé d'ajouter 35 millions, pour répondre de cette prolongation de fermeture. Elle pense qu’elle les obtiendra.
Il faut dire que, malgré l’affirmation plusieurs fois réitérée de la non-dangerosité des salles, elle avait déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin que « si on avait rouvert le 15 (décembre), pour refermer en janvier, on assassinait la culture », estimant qu'il aurait été difficile de tout réorganiser (billetterie, accueil, etc.). Or, le Premier ministre a fait ses annonces le jeudi 10 à 18 heures : toutes les salles et les équipes étaient prêtes, les dépenses depuis longtemps engagées pour la reprise d’activité, les publicités, les répétitions, etc.
Quant à la date du 7 janvier, indiquée ce jour-là, elle est évidemment celle d’un réexamen de la situation, pas d’une réouverture… Certains observateurs, professionnels très lucides, estiment que rien ne reprendra un cours normal avant le printemps prochain.
Liberticide
En tout cas, le monde de la culture prend très mal cette décision et dès vendredi dernier, les premières répliques ont été mises en place. C’est sur le terrain de la justice que s’est installé Adrien de Van. « La décision du chef de l’État de laisser les lieux de cultes ouverts et les théâtres et cinémas fermés est honteuse et injuste. Elle fragilise profondément les équipes artistiques, en particulier les plus jeunes et les plus précaires. Au-delà de l’économie, elle les atteint aussi par un terrible sentiment de mépris et d’iniquité. » Avec le Théâtre Paris-Villette, il a donc décidé de saisir le Conseil d’État « pour contester cette violation du principe de l’égalité des personnes devant la loi ou le règlement ».
Conseillé par William Bourdon, Adrien de Van a été immédiatement rejoint par Charles Berling. Le comédien, metteur en scène, directeur du Théâtre Liberté, à Toulon, et de Châteauvallon, s’est engagé depuis plusieurs mois pour défendre la création. Il était en tournée dans « les Parents terribles » de Cocteau quand le deuxième confinement est intervenu. « Le prolongement de la fermeture des théâtres au public (...) ne nous accable pas seulement, elle nous révolte. Alors que l’on autorise les personnes à se croiser dans les écoles, à s’agglutiner dans les transports en commun ou dans les centres commerciaux, les institutions culturelles comme les théâtres ne peuvent pas poursuivre leur activité (…). Au-delà de la colère que nous éprouvons pour une décision dont les justifications sanitaires masquent la vision d’une société liberticide, nous souhaitons remettre en question cette décision inique. » En s'associant au lancement d'une procédure de référé liberté auprès du Conseil d'État.
En début de semaine, plus de 500 responsables de compagnies, de salles, des structures culturelles avaient déjà rejoint l'appel à s’engager dans une telle démarche. Alors qu’à Lyon, Grégory Doucet annonce qu’il passera peut-être outre aux interdictions, d’autres maires de grandes ou de plus petites villes soutiennent ce mouvement.
En attendant, femmes et hommes de théâtre poursuivent, enfermés, leurs travaux et proposent des représentations captées en direct. Notamment le Théâtre de la Ville et la Comédie-Française. Tout un éventail à découvrir sur les sites des institutions, et des spectacles de grande qualité, notamment « Boule à neige » (jusqu’au 17 janvier) et « Alice traverse le miroir » (comedie-francaise.fr, theatredelaville-paris.com).
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