Le dénominateur commun des deux spectacles est bien l’excellence de l’Orchestre et du Chœur de l’Opéra de Paris dirigés par Philippe Jordan. On n’est pas près de s’habituer à cette excellence-là, la seule qui soit au niveau d‘une première scène lyrique nationale et des prix qu’elle pratique (jusqu'à 252 €) ! Avec bien évidemment le fait d’avoir Jonas Kaufmann donnant à Paris la primeur de son retour de convalescence vocale après un petit accident laryngé.
Car inviter une chorégraphe, fut-elle une des meilleures de sa génération, la Belge Teresa de Keersmaeker, et certainement la plus inspirée dans son travail par la musique, pour mettre en scène « Così fan Tutte », l’opéra le plus psychologique de Mozart, est une idée intéressante mais risquée. Faire doubler chaque rôle de chanteur par un danseur de Rosas, sa compagnie, dans un espace scénique totalement vide et dans des costumes quasiment de ville, n’apporte rien à la compréhension de l'opéra à ceux qui le connaissent et on ose à peine penser à ceux qui le découvrent.
Des deux distributions de chanteurs, nous avons entendu la seconde, qui n’est pas digne de l’Opéra de Paris. Heureusement, on l'a dit, l’orchestre, stimulé par Philippe Jordan, qui semble raffoler de cette musique, a réussi à faire pétiller un peu une soirée trop lourde visuellement et vocalement insuffisante.
Un antihéros dépressif
Quand on a la chance d’avoir pour chanter le rôle-titre de « Lohengrin » l'Allemand Jonas Kaufmann, le meilleur du moment et de surcroît après une longue convalescence vocale, on pourrait lui offrir un meilleur entourage que ce que l’Opéra de Paris propose à des prix astronomiques. Car « Lohengrin », c’est un quintet vocal et on peut dire que seule la basse René Pape (le roi Heinrich) était au niveau, avec la topologie vocale requise. Marina Serafin, excellente chanteuse, a une voix trop lourde pour la transparence et l’ambiguïté d’Elsa, Evelyn Herlitzius la voix trop claire pour la noire Ortrud et Tomasz Konieczny dénaturait d'une voix grinçante le rôle de Telramund.
Le retour de Jonas Kaufmann s’est fait au prix d’une économie vocale un peu excessive, pour aboutir à un dernier quart d’heure absolument prodigieux, où, dans le récit du Graal et les adieux à Elsa, on a presque retrouvé la fraîcheur des débuts du ténor dans le rôle à Munich en 2009.
Avec toute l’intelligence de l’acteur qu’il est, il ne peut cependant sauver la conception du metteur en scène Claus Guth (reprise de sa production de la Scala de Milan), qui, quoique très lisible dans sa transposition à l’époque de la création de l’œuvre, fait de Lohengrin un antihéros dépressif et ne semblant pas croire une seconde à son rôle salvateur, à peine plus à sa passion pour Elsa. Dommage, et merci encore à l’Orchestre, au Chœur et à Philippe Jordan d’avoir restitué à l’œuvre son génie d’équilibre entre drame et transparence.
« Così fan Tutte » (Palais Garnier) jusqu’au 19 février. « Lohengrin » (Opéra-Bastille) jusqu’au 18. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
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