Théâtre
Il en aura affronté des problèmes, Olivier Py, pour son premier festival comme directeur de la manifestation. Après les interventions intempestives de représentants des coordinations des intermittents et précaires, après la grève lancée par le CGT le vendredi 4, jour de l’ouverture, ce sont les orages qui ont interrompu les représentations en plein air, notamment dans la Cour d’honneur, pour la deuxième représentation publique du « Prince de Hombourg ».
Heureusement, le beau temps devait revenir mardi et permettre de découvrir cette belle mise en scène dans de bonnes conditions. C’est l’Italien Giorgio Barberio Corsetti qui en signe la mise en scène. C’est lui qui avait révélé Pierre Niney dans « Un chapeau de paille d’Italie », à la Comédie-Française.
Dans un tout autre genre, il impose une vision forte et accordée à notre temps de la dernière pièce d’Heinrich von Kleist, qui devait se suicider à l’âge de 34 ans. Une pièce de légende à Avignon, puisqu’elle fut jouée par Gérard Philipe dans une mise en scène de Jean Vilar, qui incarnait l’Électeur. Dans la maison qui porte le nom du fondateur du festival, une petite exposition présente les beaux costumes, des documents photographiques d’Agnès Varda, des coupures de presse et le seul extrait filmé qui soit resté.
Le metteur en scène, avec son équipe artistique de premier ordre (scénographie, lumières, vidéo, musique, costumes, effets), utilise l’ensemble de la Cour d’honneur et en particulier le grand mur, jusqu’à ses plus hautes fenêtres, auxquelles sont accrochées des avancées métalliques, comme des balcons. Sur le plateau, un escalier monumental, un plateau qui bascule, un grand cadre de théâtre avec un rideau. C’est tout.
Un antihéros
Mention spéciale à la musique composée par Gianfranco Tedeschi, sombre et angoissante parfois, loin de l’éclat de celle de Maurice Jarre autrefois. Le temps a passé : c’est moins l’héroïsme et la grandeur de Hombourg que l’on retient, que ses faiblesses (ce que traduisait parfaitement Gérard Philipe, disent ceux qui l’ont vu). Car « le Prince de Hombourg » est l’histoire d’un antihéros. Un jeune officier somnambule et amoureux, qui apporte la victoire en lançant l’assaut de l’ennemi sans en avoir reçu l’ordre, en désobéissant. Il est condamné par son protecteur. Et sa cousine Nathalie obtient sa grâce, elle ne le sauve pas.
La troupe est homogène et très bien dirigée, sur un rythme excellent. Citons les deux figures féminines, Anne Alvaro, l’Électrice, Éléonore Joncquez, Nathalie, ainsi que Clément Bresson, Hohenzollern, et Luc-Antoine Diquéro, l’Électeur. De fortes personnalités qui donnent humanité et profondeur à leurs personnages. Mais ici, chacun est parfait et les mouvements de troupe comme les scènes intimes sont parfaitement réglés. Giorgio Barberio Corsetti a beaucoup d’imagination et d’audace et, sans dévoiler les images, on peut dire qu’il signe un spectacle puissant.
Dans le rôle-titre, Xavier Gallais trouve à la fois les accents virils du jeune officier, sa fougue, son élan, et les parts d’ombre, d’incertitude, de ce héros romanesque, romantique et unique de la grande littérature allemande, ici traduite par Ruth Orthmann et Eloi Recoing.
Une superbe soirée dans la plus belle salle de théâtre du monde ! Un spectacle qui sera repris en tournée et qui a déjà fait l’objet d’un film de Gildas Le Roux, que l’on peut voir en replay sur Culture-Box.
« Le Prince de Hombourg », jusqu’au 13 juillet, Cour d’Honneur du palais des Papes, durée 2 h 30 sans entracte. Le festival se poursuit jusqu’au 27 juillet (tél. 04.90.14.14.14, www.festival-avignon.com).
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