Bill Evans, Stan Getz, Wes Montgomery

La chasse aux trésors

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Publié le 01/07/2019
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Jazz-Bill Evans

Jazz-Bill Evans
Crédit photo : CHUCK STEWART

Jazz-Stan Getz

Jazz-Stan Getz

Jazz-Wes Montgomery

Jazz-Wes Montgomery
Crédit photo : JOE ALPER

1969 est une année à marquer d'une pierre blanche dans la carrière du pianiste Bill Evans (1929-1980). Il a formé quelques mois auparavant un trio appelé à durer avec Eddie Gomez (contrebasse) et Marty Morell (batterie) et abandonné provisoirement sa consommation d'héroïne, pour entrer dans une nouvelle ère d'expériences et de créations.

Autant d'éléments qui sont réunis dans « Evans In England » (Resonance/Bertus France), un double CD inédit (richement documenté avec entretiens et photos de J.-P. Leloir), enregistré le 20 décembre 1969 au célèbre Ronnie Scott's Club de Londres.

Capté par un jazzfan et collectionneur français, qui, à la veille de sa mort, voulait le voir publier officiellement, ce document possède en raison du lieu un côté intimiste et met en avant, outre la brillance et l'inventivité mélodique et harmonique du leader, les formidables qualités de soliste d'Eddie Gomez, admirablement inspiré et talentueux dans de longs chorus, tout comme la pertinence et l'élégance du drumming de Marty Morell.

L'étincelante interaction du trio se retrouve dans le choix et le déroulement des standards ou des compositions originales du légendaire pianiste. Un pur joyau hyperjazzy !

Avant la renommée mondiale

1961marque un retour pour le saxophoniste-ténor Stan Getz (1927-1991), avant son envol pour la gloire grâce à la bossa-nova. Après s'être exilé en Danemark en 1956 en raison de problèmes fiscaux, il rentre aux États-Unis alors que le jazz est à un tournant, avec l'ascension de nouvelles figures, John Coltrane, Ornette Coleman, et le retour de Sonny Rollins après sa retraite musicale volontaire sur le pont Williamsburg.

Stan Getz, surnommé « The Sound » et dont le style d'alors appartient à une autre époque, va tenter de regagner sa place. C'est ainsi qu'il se retrouve en novembre au Birdland et au Village Gate à la tête d'un quartet de pointures : Steve Kuhn (piano, qui vient d'accompagner John Coltrane), John Neves (contrebasse) et Roy Haynes (batterie, 94 ans aujourd'hui !).

Et c'est le concert, totalement inédit, donné dans ce dernier club new-yorkais qui vient de sortir : « The Stan Getz Quartet Live at the Village Gate, Nov. 26, 1961 » (Verve/Universal, 2 CD, 3 LP). Un album fantastique, dans lequel le saxophoniste, magnifiquement accompagné, certes joue du Getz à gogo, mais lance des clins d'œil de compétiteur en reprenant « Impressions » de John Coltrane et « Airegin » de Sonny Rollins, et montre qu'il est toujours vivant musicalement.

Quelques mois avant de graver « Jazz Samba » avec Charlie Byrd (guitare) et l'aube d'une nouvelle aventure !

Inédits de jeunesse

« Back On Indiana Avenue - The Carroll DeCamp Recordings » (Resonance/Bertus) nous présente le guitariste Wes Montgomery (1923-1968) chez lui, à Indianapolis, au milieu des années 1950, quelque temps avant d'entrer dans la cour des géants de la guitare, à travers des enregistrements réalisés par le pianiste/compositeur/arrangeur Carroll DeCamp.

Ces plages inédites – dont la plupart des musiciens sont inconnus, à l'exception des frères de Wes, Buddy (piano) et Monk (contrebasse) – rassemblent des thèmes et standards, encore à l'état embryonnaire dans l'esprit, qui serviront de matrice au premier enregistrement studio du guitariste, en 1959 pour le label Riverside.

On y retrouve, dans divers formats (trio sans batterie et/ou orgue, quartet avec piano, sextet avec soufflants), un Wes portant sur les fonts baptismaux celui qui va devenir pour l'histoire un iconique guitariste pour guitaristes !

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9762