Inédits et (re)découvertes

La chasse aux trésors

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Publié le 23/05/2016
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Jazz-Bill Evans Trio

Jazz-Bill Evans Trio
Crédit photo : G. PINO

Jazz-Stan Getz

Jazz-Stan Getz
Crédit photo : T. COPI

Les enregistrements inédits, surtout quand ils concernent des artistes majeurs, se rapportent principalement à des concerts, souvent piratés, plus rarement à des sessions studio. En ce sens, « Some Other Time : The Lost Session From The Black Forest » (Resonance/Socadisc), double CD du trio de Bill Evans, qui vient d'être déniché, est une vraie rareté.

C'est l'unique album studio enregistré, en 1968, par le trio du pianiste (alors âgé de 38 ans), comprenant à l'époque Eddie Gomez (contrebasse, 23 ans) et Jack DeJohnette (batterie, 25 ans), lequel venait de quitter Charles Lloyd avant de rejoindre Miles Davis. La séance a été gravée dans les studios de la maison de disques allemande MPS, fondée par Hans Georg Brunner-Schwer, assisté du critique et producteur Joachim-Ernst Berendt, le 20 juin 1968, soit quelques jours après l'apparition du trio au Montreux Jazz Festival.

Ces près de 100 minutes de jazz inédites pourraient être une sorte de chaînon manquant, préfigurant la transition musicale en train de s'opérer dans la carrière du légendaire et génialissime pianiste qu'était Bill Evans. Ces instants magiques nous transportent dans un monde où l'auditeur sent, à travers une série de standards, tout l'amour pour la musique qu'éprouvait le pianiste, associé à ces merveilleux complices d'un temps. Absolument indispensable.

Place aux souffleurs

Pendant plusieurs années, le grand orchestre de Thad Jones (trompette, frère de Hank et Elvin) et Mel Lewis (batteur de studio et de grand orchestre renommé) a animé les lundis soir du Village Vanguard, célébrissime et mythique club de jazz new-yorkais. Lançant ainsi une mode qui consiste, encore de nos jours, à recevoir un big band pour animer cette soirée, traditionnellement de relâche.

L'histoire commence à la fin de l'hiver 1966, quand la machine à swing investit le club. « All My Yesterdays » (Resonance/Socadisc) est un formidable double CD, qui rassemble pour la première fois des inédits enregistrés les 7 février et 21 mars 1996 par ce big band au line-up exceptionnel : Hank Jones (piano), Richard Davis (contrebasse), Joe Farrell (saxe-ténor), Pepper Adams (saxe-baryton), Jimmy Owens (trompette), Bob Brookmeyer (trombone), notamment. Une authentique et totalement irrésistible leçon de jazz et de swing dont l'importance historique est évidente.

Au milieu des années 1970, Stan Getz commence à faire sa mue, délaissant petit à petit le mélange jazz/bossa-nova qui a fait sa renommée mondiale, pour un retour aux sources. Autrement dit une musique sensuelle, à la fois douce et violente, tendre et agressive, mais toujours exigeante. « Moments in Time » (Resonance/Socadisc), gravé live au Keystone Corner, le club de San Francisco, en mai 1976, rend parfaitement compte de cette ambiance, accompagné d'un quartet (Joanne Brackeen, piano, Clint Houston, contrebasse, Billy Hartd, batterie) en complète osmose et émulation.

À noter la parution de « Getz/Gilberto '76 » (Resonance/Socadisc), où l'on retrouve les mêmes plus le chanteur/guitariste Joao Gilberto, aux mêmes lieu et dates, pour une immersion totale dans la musique brésilienne. Ou les deux facettes d'un saxophoniste-ténor à la sonorité si sensuelle et sereine.

  

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9498