Chicago blues, gospel blues...

La caravane du blues

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Publié le 11/04/2016
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Jazz-Peterson

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Jazz-Johnson

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Crédit photo : Alligator Records

Jazz-Toronzo

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Crédit photo : DR

Paradoxalement, c’est aux côtés de jazzmen réputés, les organistes Bill Doggett, Dr Lonnie Smith et l’immense Jimmy Smith, que Lucky Peterson (de son vrai nom Judge Kenneth Peterson), repéré par le contrebassiste et chanteur de blues Willie Dixon à l’âge de 5 ans, a fait son apprentissage. Même si son père tenait un club de blues et de jazz réputé à Buffalo, dans lequel se sont produites des figures emblématiques du blues moderne, comme Buddy Guy et Muddy Waters, fondateur du style Chicago Blues. Multi-instrumentiste (en plus de l’orgue, il joue du piano et, bien entendu, de la guitare), le chanteur précoce, âgé aujourd’hui de 51 ans, est devenu un vrai produit du blues.

Organiste Hammond B3 auprès du vocaliste Bobby Blue Bland à l’aube des années 1980, Lucky Peterson se porte très rapidement vers le rhythm & blues, le funk et le gospel, avant de basculer définitivement dans un blues profondément ancré dans la tradition, à un niveau de qualité très élevé. Autant d’éléments qui se retrouvent dans son dernier album, « Long Nights » (JSP Records/Socadisc), retour aux sources et à la tradition. Un CD enregistré à 3 heures du matin dans les conditions du « direct live », qui va ravir les fans de la première heure et tous les amateurs d’un blues sans fard ni artifices. Peterson sera du 28 au 30 mai au Sunset, à Paris.

Toronzo Cannon pratique également un blues sans fard ni artifices. À 46 ans, ce natif de Chicago, quasiment inconnu dans nos contrées, fait partie de la crème de la nouvelle génération des bluesmen de la Cité des Vents. Guitariste, chanteur et compositeur, habitué des clubs du quartier du South Side, il a été élevé au biberon de Buddy Guy, Albert Collins, B.B. King, J.B. Hutton, Muddy Waters et même Jimi Hendrix (il est gaucher comme lui et quelques-uns de ses riffs ne sont pas sans rappeler ceux du génial guitariste). Il a atteint la consécration avec sa prestation explosive au Chicago Blues Festival en 2015.

Après trois disques, Cannon signe pour le mythique label de blues Alligator (Socadisc) et enregistre « The Chicago Way ». Cet album, qui comprend onze titres originaux très ancrés dans les rythmes électriques, supermusclés, du Chicago Blues, appuyés par un jeu de guitare puissant, mordant, qui met le feu, et une voix énergique, est un hommage à la vitalité créatrice de ses racines. Un nouveau grand nom d’un style qui a produit des artistes iconiques.

Hommage

Comme Jean le Baptiste, Blind Willie Johnson (1897-1945) était prêcheur itinérant. Pour l’anecdote, un de ses titres, « Dark Was The Night - Cold Was The Ground », fait partie des morceaux choisis par les ingénieurs de la NASA lorsqu’ils ont envoyé en 1977 la sonde « Voyager 1 ». Une composition, interprétée par la chanteuse Rickie Lee Jones, qui clot « God Don’t Never Change : The Songs Of Blind Willie Johnson » (Alligator Records/Socadisc), CD en hommage au célèbre bluesman, dont le style mariait la ferveur du gospel et des negro-spirituals au blues traditionnel. Parmi les autres interprètes invités pour ce florilège, Tom Waits, les Blind Boys of Alabama, Sinéad O’Connor, Derek Trucks & Susan Tedeschi et Lucinda Williams. Un excellent travail collectif pour honorer le créateur du « gospel blues ».

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9487